Dan Sartain
Join Dan Sartain - CD
One Little Indian 2006

Ca remonte bientôt à trois printemps, la première rencontre avec le kid de l'Alabama, égaré loin de son Mississipi sur les bords de Loire, jouant devant quelques curieux en attendant les Hot Snakes. Curieux que Dan Sartain avait mis dans sa poche en trois coups de reins efficaces. Tout ça était depuis resté lettre morte, je ne sais pas pourquoi. Croire bêtement que cette musique anachronique fonctionnait mieux sur scène que sur disque et mieux valait rester sur une bonne impression… Sont-ce les premiers rayons de soleil réchauffant ma vieille couenne rouillée qui m'ont fait retourner vers Dan Sartain ? Join Dan Sartain est son quatrième album et que ce soit en public ou en sillon (Simone), Dan Sartain est tout aussi charmeur. Ce fut donc une erreur. Après trois albums plus ou moins sortis sous le coude - Dan Sartain and the Crimson Guard, Romance in Stereo et Dan Sartain vs. Serpientes (bien aidé par Swami records quand même)- le gominé tout droit sorti d'un film de série Z des années 50 passe la barre supérieure (sans passer par la mère). Avec des termes aussi modernes que rockabilly, surf music, garage, rock des années 60, western et mariachi, ce freluquet de 25 berges (celles du Mississippi bien sûr) arrivent à vous foutre la banane en plus de celle qu'il a sur le crâne. Du haut de son mètre soixante les bras en l'air, il a de quoi impressionner plus d'un White Stripes et The Hives pour qui il a fait les premières parties dernièrement sur des tournées européennes. Oh toi jeune branleur avec ton pantalon slim qui te serre tes petites couilles, vient prendre ta fessée. Tonton Dan va te montrer comment avec des trucs aussi ringards, on peut sonner plus vrai que nature, plus original que les suiveurs, que le rock'n'roll n'est pas une histoire de têtes de mort en bandouillère sur ton sac de hipster. Le rock, il ne l'a pas trouvé au détour d'un magazine à la con. Il le vit, le parle, le bouffe, le consume comme une seconde peau. Sartain balance des merveilles de rock songs, bien raides et entraînantes, dit tout ce qu'il a à dire en deux minutes cinglantes, parle trahison et jalousie, de Youngs Girls So Stupid mais après lesquelles il ne peut s'empêcher de courir, d'idiots ressemblant à de jeunes républicains, a le sens du riff, convoque Hank Williams, Buddy Holly et Jonathan Richman sur le même autel dépravé du rock avec la morve d'un jeune punk. Et pour faire la cour a la belle, rien ne vaut quelques airs de trompette, planquer sa banane sous un chapeau mexicain, reprendre Besa me mucho, qui ne veut pas dire baise moi beaucoup mais vous invite à tendre l'autre joue quand même. Tour à tour acoustique ou électrique, ces riffs de guitares font mouche. La batterie non présente lors de cette tournée en solo avec les Hot Snakes rajoute du nerf. Gun vs. Knife et Drama Queens sont des petits chefs d'œuvre rutilants. En plus, Dan Sartain possède une magnifique voix, prête à faire pâmer n'importe quel cœur et rendre les maris jaloux. Sur la pochette de Sartain vs. serpenties, il se pend. Sur Join Dan Sartain, il se tire une balle dans la tronche. A ce rythme là, c'est en enfer qu'on va le rejoindre. Mais pas avant d'avoir brûler le bitume et de vouer sa vie au culte du rock'n'roll. Le vrai, le flambant, l'historique tout en étant foutrement ancré dans la dure réalité de la modernité.

SKX (23/04/2008)