Hot Snakes - Dan Sartain
Le Plug (ex-Zoobizarre) - Bordeaux
Dimanche 22 mai 2005

Bon allez je me speed. Tant que les neurones sont encore chauds et les images bien vivaces. Et un concert des Hot Snakes, ça n'attend pas de toute façon. Tout ça, c'est de l'urgence, du rock'n'roll mon frère alors faut carburer, dans l'instant et à l'instinct ! Et cet instant, fallait pas hésitez à le rencontrer. Enfin l'occasion de voir les Hot Snakes, de voir Rick Froberg et John Reis, les anciens Drive Like Jehu, fouler les scènes françaises, ça n'attend pas les années. La voiture bleue, direction les bords de la Garonne. 500 bornes vite faits bien faits. La place de parking pratiquement devant comme si elle avait été réservée. La classe, ça s'annonce bien.
Le Plug, c'est l'ancien Zoobizarre avec une programmation assez hétéroclite quoique plutôt électro, tout ça dans le Barbès local avec le magasin de disques Total Heaven à deux pas (fermé of course, on est dimanche !). Ça fait pas cinq minutes que t'es là et ya un gus, casquette vissée sur le crâne, cheveux longs et touffus, style touche pas à ma Harley et qui arbore un grand sourire en venant dans ta direction et te salue en anglais. Tiens c'est marrant, le Bordelais cause pas local ! Ah bin non, c'est Josef, un tchèque, chauffeur des Hot Snakes et aussi de Ten Grand quand ils passèrent à Rennes en 2003. Beaucoup plus physionomiste que moi ! La tournée des Hot Snakes se passe royalement. Il est fan et était prêt à coucher avec le pape (même celui qui est mort) pour conduire Hot Snakes à travers toute l'Europe. Le veinard (d'enculé de sa race !!). Ça patiente pas mal avant le début du concert. Je m'attendais à la foule des grands soirs. Ça reste très modéré. Et tant mieux vu que la salle est assez petite (en sous-sol avec le bar au-dessus plus grand que la salle elle-même).
Avant Hot Snakes, c'est Dan Sartain qui se charge de chauffer le public. Un type tout seul avec sa guitare électrique. Hello, i'm Dan Sartain, i'm from Birmingham, Alabama. Une ville où le KKK a ses entrées et tristement surnommée dans les années cinquante Bombingham, symbole d'un sud raciste et ségrégationniste. 50 kgs tout mouillé, une impeccable chevelure à moitié gominée, à moitié la banane, les dents en avant. Le genre de gars qui vous est tout de suite sympathique. Un genre de croisement entre Elvis Presley maigre et Jim Carey en petit. Mais le freluquet a du ressort et de son impeccable voix de crooner, il sort des morceaux nerveux et accrocheurs. Un jeu de gratte bien énergique, des histoires de mecs qui se tatouent le prénom de leur chérie sur l'épaule et se foutent sur la tronche après. De l'autodérision sur sa taille et ses problèmes pour voir quelque chose pendant les concerts. Ça sent l'indécrottable du fin fond des Etats-Unis, le bon vieux rock'n'roll et Jonathan Richman. Il a parfois du mal à faire passer ses blagues (Bordeaux c'est pas le far-west), on ne comprend pas grand-chose à ses paroles et c'est sûrement bien dommage mais le public suit avec plaisir et c'est un tour de chauffe idéal avant les Hot Snakes.
Petit tour au stand pour constater que tous les vinyles ont été vendus depuis belles lurettes avant Bordeaux. Tant pis, ça fera des économies. Parce que Hot Snakes, c'est du rock, du pur et rock = vinyl, pas foutu CD ! Le public est arrivé peu à peu et se masse juste devant la scène. Simplicité des mecs, ça s'installe tranquille, une pédale d'effet en tout et pour tout pour Froberg et c'est parti pour un grand moment de rock'n'roll. C'est pas que ça court dans tous les sens (la scène est de toute façon bien trop petite pour ça) mais ça transpire, ça suinte le rock et l'intensité qui va avec. Surtout Froberg (chant-guitare) et Reis (guitariste aussi de Rocket From The Crypt et The Sultans). Le nerf de la formation pendant que le bassiste à la superbe moustache et le batteur assurent les fondations sans fioriture aucune. Mais les visages des deux piliers gratteux sont beaucoup plus expressifs. Le cou de Reis bat la mesure, en avant en arrière, les jouent se gonflent, les dents se serrent, les jambes bien campées, la voix, toujours cette putain de voix de Froberg et les morceaux défilent. La simplicité et l'efficacité des compos des Hot Snakes sautent encore plus aux yeux dans la fournaise d'une scène. Trois accords et tout est dit. La classe internationale. Les trois albums y passent, culminant avec le morceau Suicide Invoice, ça enchaîne régulièrement avant de faire une pause tous les 3, 4 titres pour se réaccorder, lancer quelques blagues et respirer un bon coup (c'est qu'ils sont plus tout jeunes) puis se relancer dans les affres de ce rock'n'roll si primaire et ensorcelant. A l'image de leurs albums, c'est d'une efficacité redoutable, difficile de rester sur place, de contrôler ses membres qui ne peuvent s'empêcher de remuer de façon anarchique, tout y est plus beau, plus fort et plus intense. La playlist qui traînait sur un bout de papier, jonchée aux pieds du guitariste, indiquait seize morceaux plus trois pour le rappel. Le rappel venait de terminer, les trois morceaux envoyés. J'ai bien compté. Merci bonsoir. Mais que nenni ! Ils entament un petit dernier pour la route. Premiers accords et là, le palpitant s'accélère. Ça serait pas le morceau de… hein… si je rêve pas… oh putain la vache !! Je regarde autour de moi, guettant une réaction de la foule en délire mais pas plus que ça et déjà tout s'accélère. Ils nous jouent un vieux morceau de Drive Like Jehu et pas n'importe quel morceau. LE titre de Drive Like Jehu… Bullet Train to Vegas !!!! Un morceau mythique de leur répertoire, le meilleur à l'aise, et là, sans crier gare, les cons, ils le font, hyper classe, tout dans l'urgence avec ce refrain tueur, ce riff de guitare dévastateur et le cri de Froberg comme aux premières heures. Aaaargh, rien que pour ça, j'aurai fait le déplacement en vélo le vent dans le nez ! Autant vous dire que c'était la banane pour le retour. Droit sur Vegas.

SKX (23/05/2005)









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