Celebration
The Modern Tribe - CD
4AD 2007

La joie aura été de courte durée. Le temps d'apprendre la sortie de ce deuxième album. Le temps qui sépare l'excitation de cette nouvelle et le mouvement du doigt vers la touche play. On reprend pourtant les mêmes éléments (l'orgue, la batterie et le chant de Katrina Ford pour instruments principaux), le même producteur (David Sitek de TV On The Radio), le même label plus tout jeune, tout pareil qu'en 2006 et une écoute discrète pourrait presque faire croire que musicalement, rien n'a changé. Sauf une donne très importante. Les ex-Love Life ont oublié toute la noirceur qui faisait leur beauté. C'est une version édulcorée que le trio de Baltimore nous offre. Une version pour Trax, pour bobos branchés. Ce disque est tout ce qu'il y a de plus agréable. La ribambelle d'invités (Nick Zinner de Yeah Yeah Yeahs, toute la troupe de TV On The Radio) sont bien élevés, ne font pas un bruit plus haut que l'autre, ne bouleversent l'ordre établi. L'orgue égrène tranquillement ses mélodies, une basse un peu rondelette fait son apparition et la guitare sait se faire tranchante malgré ses faibles apparitions. Les arrangements sont pléthores et travaillés. Non franchement, c'est professionnel. A l'apéro, vous y glisseriez bien un doigt. Le problème, c'est que Celebration pourrait jouer des heures ainsi, on ne serait toujours pas plus ému que ça. Même quand le batteur s'énerve, que Celebration retrouve un peu de fougue, ça ne décolle pas. C'est lisse et creux. Le chant de Ford n'est plus ce feulement dangereux, cette petite sœur de Lydia Lunch qui pouvait tout vous faire et que vous acceptiez sans broncher. Elle chante et très bien mais ce n'est pas de ça qu'on a besoin. Qu'elle nous gifle, nous caresse, nous fasse craindre le pire et le meilleur. On ne sent plus de mise en danger dans cette collection de gentilles chansons. Encore un effort et on pourra danser comme des potiches. Celebration a arrondi les angles et la déception est à la hauteur de l'engouement suscité par leur premier album, tout comme la pochette hideuse qui vient couronner le tout.

SKX (05/02/2008)