Celebration
s/t - CD
4AD 2006

Les yeux tournés vers l'intérieur. Regard fou. Je n'ose à peine y croire. Celebration, c'est les trois-quarts de Love Life. Groupe de rock ténébreux et habité. Birthday Party et Come, ce groupe était un songe. Réincarnation sous le nom de Birdland dans un premier temps avant que le mythique 4AD ne leur conseille de changer de nom pour ne pas être confondu avec un vieux groupe anglais qui a toujours fait rire tout le monde. Signature surprise sur un label qui n'a pas la réputation de rocker. De donner dans le concret et le sulfureux. Car si Celebration a majoritairement tronqué sa guitare pour un orgue hammond et un piano électrique Wurlitzer, le trio claviers multiples, batterie et chant féminin, pour originale que soit cette formation, a le rock chevillé au corps. Rythmes tribaux (revoilà l'ombre de Birthay Party) et surtout la Katrina Ford au chant, capable de mordre, caresser pour panser les blessures, vous retourner les tripes, fendre le cœur, plainte de bête blessée et dont les réputations scéniques ne la donne pas timide. Pécheresse de la cérémonie. Mais Celebration, c'est aussi un tombé de velours noir. Un rêve lugubre dans des ballades monstrueuses qui vont font frissonner comme une jeune mariée. Des moments de grâce inouïe qui vous transportent à des hauteurs vertigineuses. Des claviers (Sean Antanaitis) et des trouvailles mélodiques constantes sur lesquelles on flotte, éperdument. Fin de siècle et décadence. Ce premier album produit par David Sitek (TV on the radio) est d'une élégance rare. Entre le cri primaire du rock et l'abandon d'une fissure ancienne. Entre la témérité, la violence intériorisée et l'arrachement, ce creux en soi sur lequel Celebration appuie de façon instinctive. Musique de rupture. Fiévreuse. Un album à se damner par terre et carrément essentiel.

SKX (26/02/06)