Alec K. Redfearn And The Eyesores
The Smother Party - CD
North East Indie 2006

Vous reprendrez bien un p'tit air d'accordéon ? Providence n'est pas connu comme étant la Mecque du piano du pauvre et du bal musette. Mais ya là-bas un gars qui s'amuse à détourner et pervertir les traditions à faire cristalliser la mèche blonde de Pascal Sevran. Alec K. Redfearn, accompagné de ses Eyesores, sort déjà son cinquième album. Et le mix est toujours aussi sauvage et déroutant. Accordéon omniprésent mais noyé dans une masse d'instruments, Redfearn n'est pas du genre à se la jouer artiste solo sous les feux de la rampe. Son air accordéon lancinant sert des compositions qui ont pris du poil de la bête depuis The Quiet Room. On retrouve ces élans folkloriques venus de l'est de l'Europe, sorte de The Ex fini au yogourt bulgare, ces chants mixtes qui se croisent avec les cordes d'un violon(celle) dans des rythmes à rendre fou tous les gitans de Roumanie. Et c'est bien dans ces rythmes et le traitement sonore de ces morceaux qu'il faut voir l'évolution de cet orchestre brinquebalant. Ca vire parfois franchement noise, dure aux entournures. Le batteur se lâche, les strates instrumentales se superposent, la sauce monte et tangue dangereusement, le p'tit accordéon inoffensif se mue dans la répétition évolutive et distordue. L'orchestre ne fait plus rire personne. Des compos qui se trimballent un air enjoué, propre à animer la fête du village mais dont la manière agressive de les interpréter va faire fuir les foules et culbuter les majorettes. Bon, ce n'est pas Painkiller non plus, loin de là. The smother party, comme ses prédécesseurs, nous offrent d'harmonieux et enchanteurs moments, mélancolique sur les bords (les cinq minutes de Overhang, la guimbarde de The way of all flesh). Mais cet album sonne plus rock et accidenté. Pour preuve, les 23 dernières minutes d'un final qui joue les montagnes russes. Basse distordue, batterie martelante, guitare grinçante entre accalmies troublantes où cet air d'accordéon revient comme un cauchemar récurent.
Univers troublé qui va et qui vient comme ces anches agitées par un Alec et son orchestre en grande verve.

SKX (21/09/2006)