OXES
s/t - CD
Monitor 2000

Ca va être monumental. On le pressentait. On l'espérait. Les 3 titres précurseurs sur le split CD avec Big'n, tels des messagers d'une grande nouvelle. Ça frétillait d'impatience, un vrai puceau avant son premier bal. Et on l'a, la confirmation. La confirmation d'un nouveau trio, originaire de Pittsburgh, roi du noise-rock moderne. Made in USA et universel. Mort à Shellac. Fini Jesus Lizard. La relève est là. Don Caballero n'a plus qu'à se réveiller. Avec une seule batterie et deux guitares, Oxes enlève la palme.
Ça commence avec un Dear Spirit, I'm in France, titre sibyllin et toute l'essence d'Oxes en quelques notes. Ça part en free, arpèges déclinées dans le désordre et hop, le riff, impeccable, tranchant, puissant. Et le batteur suit le schéma. Tour à tour martelant ou plus fluide. Intransigeant et inventif. Ça se poursuit avec I'm from Hell, Open a Windle et une fin à contre-courant. Tout en douceur. Juste une guitare sèche et une batterie aérienne pour calmer la douleur. Avant de repartir sur un Panda Strong déjà sorti sur un 45 de Reptilian records, relifté, le solo de batterie à la fin, hey ! solo ! épique et un faux redémarrage qui ne signe en fait que la fin définitive du morceau. Hein ?! Your Street vs Wall Street et Horses are ok retendent les cordes. La constance se poursuit. Des dialogues impeccablement menés entre des guitares rythmiques ou bousculant les traditions, se répondant sans cesse, le vertige, le tout ponctuer par la batterie qui met les points sur les "i", s'exclame, s'efface, rompt le dialogue. Et quand tout le monde joue la même partition, ça avance droit devant. On a rarement entendu trois instruments se complétés aussi finement, s'engueuler chacun dans son coin puis copuler avec une telle ferveur et mettre en place un puzzle diaboliquement efficace. On retrouve le And Giraffe, Natural Enemies présent sur le split CD sur Box Factory records, au déroulement exemplaire, sa mélodie insidieuse, avec quelques changements dans le parcours par rapport à l'original. Une vraie beauté ce morceau. Et on se termine par un Riki Creem Calls This "Chivas Regal", dernier instrumental d'un album qu'on aurait aimé plus long tellement c'est bon !
Oxes, c'est le croisement improbable entre AC/DC et Colossamite, entre des riffs imparables et un groove malsain. La rencontre entre l'essence même du rock et une noise improvisée. C'est libre de toutes entraves, jouissif, binaire et cérébrale. Autant pour la tête que pour les tripes. C'est classique et ça sonne comme pas deux. Oxes a juste trouvé le son. Le son parfait. Les structures où rien n'est à ajouter, à enlever. La grande classe. Le jackpot à votre portée.

SKX (17/08/2000)