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Venus Beads Incision LP Emergo Insight records 1991 [posté le 02 juin 2012] L'album
Incision des anglais de Venus Beads a toujours été
source de grande passion ou de terribles railleries. Si ce disque se retrouve
dans la rubrique Art of Losing aujourd'hui, c'est plutôt que le
vent de la passion souffle par ici. Malgré tout, après toutes
ces années sans avoir jeté une oreille sur Incision,
je comprends à l'écoute d'un morceau comme Ghosts of
Summers Past pourquoi ce groupe pouvait provoquer de l'urticaire chez
de très nombreuses personnes. Venus Beads n'avait pas peur de donner
dans le mélodramatique, faisant résonner votre fibre romantique
et vibrer votre coeur de midinette profondément enfoui sous votre
vieux cuir endurci. Les deux guitaristes Rob Jones et Anthony Price aimaient
se lancer dans des duels épiques et passionnés, des crescendos
boostés à l'adrénaline et jamais avares de mélodies
poignantes. Mais la sauce n'a jamais pris. A l'époque des Jesus
and the Marcy Chain, Boo Radleys, My Bloody Valentine et Ride, Venus Beads
aurait dû avoir sa chance mais leur problème était
qu'ils avaient le cul entre deux chaises. Pas assez vaporeux pour les
shoegazers, trop punks pour les popeux, trop mélodiques pour les
noiseux et trop craignos et pas assez dansants pour les hipsters de Madchester.
Venus Beads était la rencontre unique entre la noisy-pop et Leatherface,
le mélange improbable entre My Bloody Valentine et Les Thugs, un
groupe qui vous torchait des mélodies à tomber sous un épais
mur du son tout en dentelle de feu. C'est beau hein ?! Et puis des mélodies
encore à tomber, et encore des mélodies à tomber,
Treading Water, Precious Little, Moon is Red sorti
en version single, Another Door Closes, un Incendiary furieusement...
incendiaire, autant de titres qui me font toujours serrer mes petits poings
de rage et de bonheur. De plus, cet album est bizarrement sorti sur Emergo
Insight, une filiale du label metal Roadrunner, soit bien loin des réseaux
et du public noisy-pop que Venus Beads aurait dû toucher. Un signe
supplémentaire que Venus Beads n'était à sa place
nulle part. Cet album fût un bide et se trouve toujours très
facilement dans les bacs de soldes, ceux qui prennent la poussière
et dont personne ne veut. Tout comme Black Aspirin, un mini-album
réalisé la même année mais bien moins passionnant.
Après trois années de silence, Venus Beads sortira deux
EPs en 1994, Shackled et A Client, montrant que le groupe
n'avait rien perdu de sa forme, puis disparaîtra à tout jamais
de la circulation. Un vrai groupe de losers.
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