The Art of Losing
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 Six Finger Satellite
The Pigeon Is The Most Popular Bird - CD
Sub Pop records 1993
[publié le 08 février 2021]



Le pigeon est l’oiseau le plus connu mais Six Finger Satellite n’était pas le plus connu des groupes de Sub Pop. Le groupe de Providence n’était pas du tout représentatif de l’idée qu’on se faisait du label de Sub Pop. Ce n’était pas grunge, ce n’était pas chemises à carreaux et cheveux longs. C’était plutôt Gang Of Four et Devo mais aussi noise-rock avec des airs de Jesus Lizard sur Takes One To Know One ou The Birthday Party sur Hi-Lo Jerk dont le parfum de Big Jesus Trash Can hante fortement les structures. Et un groove diabolique à la Arab On Radar ou The Chinese Stars. Mais n’inversons pas la donne. Si les deux derniers groupes susnommés peuvent se réclamer d’une influence, c’est bien celle de Six Finger Satellite. Et la présence du batteur Rich Pelletier qui a officié chez 6FS puis The Chinese Stars aide forcément à faire le parallèle. Mais sur leur premier album The Pigeon Is The Most Popular Bird, 6FS trouble les pistes encore plus fortement. À commencer par ces pistes intermédiaires sans nom entre les morceaux dits normaux. Des interludes bruitistes pouvant culminer jusqu’à quatorze minutes sur le tout dernier épisode, entre la chute de studio, la volonté de perturber et de sortir des sentiers battus. Car le problème de Six Finger Satellite est d’avoir été dix ans (au bas mot) en avance sur son temps. Ces réminiscences de post-punk, cet arrière-goût synthétique qui pointe son nez à plusieurs reprises et qui ne fera que grandir sur les albums suivants encore plus orientés synthés, c’était pas franchement à la mode en ce début de décennie 90. The Pigeon Is The Most Popular Bird reste cependant leur album le plus rock et noise et virulent avec des titres inestimables qui mettent le feu à n’importe quelle piste de danse à clous (Laughing Larry dont l’écho se prolonge sur Save The Last Dance For Larry), des morceaux avec les géniales guitares de John MacLean et Peter Phillips divinement en verve (Funny Like A Clown, Deadpan mais il faudrait tous les citer), la basse élastique et incendiaire de Kurt Niemand (qui mourra d’une overdose peu de temps après la sortie de l’album) et le chant caustique et menaçant de Jeremiah Ryan. Mis en boite par Bob Weston (Shellac, grand fan de 6FS, nommera en 1994 un single en forme d’hommage The Bird Is The Most Popular Finger), ce disque étrange sur les bords est un must largement sous-estimé et méconnu rempli de tubes acides et percutants. Il n’est jamais trop tard. Et avec les trois albums suivants puis les deux en 2009 suite à une reformation et une imposante discographie avec des formats courts, The Art of Losing n’a pas fini de vous abreuver du talent de Six Finger Satellite qui n’avait pas l’habitude de réaliser deux fois de suite le même disque. Pour info, The Pigeon Is The Most Popular Bird a aussi été publié en vinyle sous la forme de deux disques physiquement différents. La Idiot Version qui contient les cinq premiers morceaux (interludes compris) et la Savant Version pour les cinq derniers. Ce groupe n’a jamais rien fait comme personne.





infos : Jeremiah Ryan - vocals. Peter Phillips - left guitar, backing vocals. Kurt Niemand - bass. Richard D. Pelletier - drums, moog on Solitary Hiro. John MacLean - right guitar, moog programing, organ. Robert Weston - recording and balance engineer. Portraits by Peter Goldberg. Marcellus Hall plays harmonica on Hi-Lo Jerk (courtesy Matador). Weston plays bas once and moog once. Photography by Laura Borealis.