|
|
||||||||||||||||||
|
Lydia Lunch Honeymoon In Red - LP Widowspeak records 1987 [publié le 22 juillet 2016] Un disque de Lydia Lunch mais pas seulement. Le nom de The Birthday Party mériterait de figurer également tout en haut de l'affiche, avec les mêmes lettres rouges sang flamboyantes. L'enregistrement de Honeymoon In Red date de juin et juillet 82 à Berlin et août de la même année à Londres. A cette époque, les jours de Birthday Party étaient comptés. Si Mick Harvey, le batteur de Birthday Party, considérait ce groupe comme un nouveau projet avec Rowland S. Howard (Birthday Party aussi), Genevieve McGuckin et Lydia Lunch, au final, c'est tout Birthday Party qui se retrouve au générique avec également le bassiste Tracy Pew et Nick Cave bien sûr. La vie entourant ces artistes n'ayant jamais été un long fleuve tranquille, People's records, le label qui devait sortir ce disque, a fait faillite et les enregistrements perdus pendant des années. Ce n'est finalement qu'en 1987 qu'une partie des bandes a été retrouvée. Clint Ruin, alias Foetus, alias Jim Thirlwell a refait le travail de mixage et quelques overdubs. Thurston Moore est intervenu dans la composition d'un titre avec Clint Ruin alors que ce morceau (So Your Heart) n'existait pas en 82 (ce qui vaut pourtant à Moore de voir son nom affiché en grand sur la pochette). Et Honeymoon In Red a enfin vu le jour. Problème (un de plus) dans le bal des maudits, cet album est sorti sans le consentement de Mick Harvey et Nick Cave, considérant que le remixage était trop éloigné des originaux et qu'ils n'avaient pas eu leur mot à dire. Ne cherchez donc pas les noms de Cave ou Harvey. Ils ont refusé qu'ils soient crédités. La douce voix désaxée de Cave apparaît sur deux titres sous le nom de A Drunk Cowboy Junkie et Her Dead Twin dans son duo avec Lunch sur Done Dun. Idem pour Harvey crédité de Spencer Turk, Dick Strum et autres pseudos à se tordre de rire jaune. Les deux personnages principaux de cette drôle d'histoire restent Rowland S. Howard et Lydia Lunch. Ils ont composé, écrit les paroles et chanté sur la plupart des morceaux. Et si ce disque bénéficie d'une certaine aura, c'est surtout pour les personnes qui figurent sur la bande-son. Il existe affiche moins bandante. Lunch, Cave, Howard et Birthday Party, Thirlwell, Thurston 'Sonic Youth' Moore, c'est tout le gratin de musiciens précurseurs et très influents. Ce n'est pas pour ça que ça fait les grands disques. Car Honeymoon In Red, outre les noms ronflants, brille avant tout par ces ambiances et le malaise qui s'en dégage plus que par la qualité intrinsèque du song-writing. Pas de morceaux inoubliables, rien qui a fait la grandeur et la folie de Birthday Party mais une atmosphère diaboliquement sombre, un parfum de déchéance et des sonorités qui vrillent à jamais le peu de raison restant. Les éléments qui ont fait l'importance de Birthday Party sont présents. Avec juste un peu moins de pertinence. Le jeu de guitare si particulier de Howard, la basse grave et hypnotisante de Pew, les échardes soniques, les grincements, le navire qui tangue, ce bruit blanc exposé aux paradis artificiels, sans oublier évidemment la voix de succube tour à tour charmeuse ou venimeuse de Lunch. Volutes gothiques, onirisme funeste, des titres qui se distinguent du lot comme Still Burning ou Dead In The Head et la longue ballade déchiquetée, bardée de fils électriques, à deux pas du ravin avec Three Kings, seul morceau composé par Genevieve McGuckin (qui jouera aussi dans These Immortal Souls avec Howard). Sur la version CD se trouve un titre supplémentaire, Some Velvet Morning, une reprise de Lee Hazlewood et Nancy Sinatra (et comprise dans le téléchargement ci-dessous). Honeymoon In Red n'est pas un disque facile, juste une musique malade. Dans le texte de Lunch qui se trouve au verso de la pochette et intitulé The Terrortory, la couleur était tout de suite annoncée : The Honeymoon is over. This party wasn't no picnic. Et la rédemption n'est pas au bout de ce disque, témoignage ultime, chaotique et nocif de quelques névrosés magnifiques unis pour le meilleur et pour le pire.
|