KLEG
Eating And Sleeping (#15) CD
Barooni records 1987
[posté le 28 mars 2011]

Kleg était un collectif hollandais à géométrie variable mais qui pouvait compter sur un minimum de cinq guitaristes, et monter à beaucoup plus pour certaines représentations. On vous voit venir avec vos gros sabots et la référence Glenn Branca ou Rhys Chatham en bandouillère, l'air de rien. Mais Kleg était bien plus disparate, dans sa formation et dans son approche musicale. Sur ce premier album, on retrouve cinq guitaristes, un batteur, un bassiste, des cuivres, un mec aux platines et même un peu de voix. Trois morceaux uniquement mais chacun tapant dans les 18, 14 et 16 minutes. Compositions très évolutives, la fin n'ayant jamais de rapport avec le début. Si on peut rapporter une certaine approche répétitive, ça ne dure jamais très longtemps. Les compos sont fracturées, narratives, mélodiques parfois, minimalistes malgré toute la populace présente à l'élaboration de cette musique. Seules quelques envolées rappellent que Kleg était un collectif, donnant de l'ampleur à une oeuvre à l'apparence rude et abstraite mais assez scotchante sur l'ensemble. A l'époque, le mot post-rock n'existait pas mais ce disque tomberait sûrement dans cette catégorie bâtarde, bien que Eating And Sleeping (#15) évolue dans des sphères hors-normes.







KLEG
Zing CD
Barooni records 1991
[posté le 31 mars 2011]

Le deuxième et dernier album du collectif hollandais. Un collectif réduit en taille et devenu formation rock classique. Plus de clarinette, plus de saxo, plus de samples. Le bon vieux basse-batterie-guitare sauf que les guitares sont au nombre de cinq. Le format des compositions devient également plus conventionnellement rock. Douze morceaux tournant tous autour des quatre minutes, on revient en terrain plus familier. Un album qui a connu sa petite heure de gloire à l'époque puisque le producteur n'était autre que Lee Ranaldo, au faîte de la gloire avec Sonic Youth. Mais il ne faut pas s'attendre à une joute sonique où le larsen est roi et la saturation une deuxième peau. On est dans le registre de Tone, ce groupe de Washington DC qui commencera à sévir au milieu des années 90. Un post-rock qui ne connaît pas encore son nom, une symphonie apprivoisée, tour à tour légère et grave, où les cinq guitares ne se font pas particulièrement sentir. C'est fait avec élégance et finesse et quelques réminiscences de Sonic Youth dans l'approche mélodique.
Vingt ans plus tard, force est de constater que ce Zing est du cuivre qui vieillit très bien. Je ne sais pas si c'est une bonne nouvelle pour Kleg ou une mauvaise pour tous ces groupes post-rock actuels plus insipides les uns que les autres et qui se cachent derrière le volume sonore pour qu'on ne voit pas leur misère créatrice mais ce Kleg avait du ressort pour écrire des instrumentaux pas avares en idées. Qu'ils ne se contentaient pas de recetttes éculées et de tirer sur de grosses ficelles avec crescendo et descrecendo scolaires mais ont su instaurer de véritables climats variés à base de fractures, d'atmosphères impressionnistes, de non-dits et d'explorations sonores. Kleg débarquerait aujourd'hui, on y verrait que du feu.