Head Of David
'LP' - LP
Blast First records 1986
[publié le 28 mai 2019]



Head Of David nous replonge dans les années 80 et la froide grisaille anglaise du Black Country, une triste zone industrielle lourdement polluée, coincée entre Birmingham et Wolverhampton. Une origine géographique qui a valu l’étiquette de musique industrielle collant à vie Head Of David plus sûrement que des particules de suie dans les poumons. Une idée renforcée par le fait que l’influence de ce groupe précurseur a été reconnue plus tard par Ministry, Pitchshifter, Fear Factory et bien d’autres dont Godflesh. Souvent présenté (à tort) comme le projet pre-Godflesh de Justin Broadrick alors qu’il n’a joué de la batterie que sur le second album Dustbowl et le maxi The Saveana Mixes, Head Of David et ce qui s’est tramé dedans n’a pas laissé indifférent l’ex-batteur de Napalm Death et futur Godflesh chez qui de nombreux déhanchements de Head Of David se retrouvent.
Pour autant, les racines du groupe et les comparaisons sont plus à chercher du coté de Swans, Big Black, Suicide et Black Sabbath pour une formation classique sans machine, sans barre de fer, sans bidon, sans électronique et qui extrayait de l’habituel guitare-basse-batterie un rock (au sens large) poisseux et sombrement violent. Leur premier album sagement intitulé LP témoigne de ce mélange de metal, noise, rock, sludge, hardcore, scories industrielles relativement inédit en 1986.
Un disque divisé en deux parties. La première face s’appelle Dogbreath. Quatre titres qui avaient déjà été publiés sur un maxi du même nom la même année par Blast First. La seconde face se nomme Godbreath. Quatre morceaux enregistrés pour une Peel Session dont Newly Shaven Saint qui se trouvait à l’origine sur le maxi Dogbreath, seul morceau non repris pour l’album, ce qui laisse une toute petite satisfaction pour les heureux détenteurs du maxi qui sinon fait doublon. Stephen R. Burroughs (chant), Eric Jurenovski (guitare), Paul Sharp (batterie) et Dave Cochrane (basse, futur Sweet Tooth, God, Ice et désormais Terminal Cheesecake) infligent un lent et lourd supplice, un groove malsain et lancinant (le merveilleux White Bastard), reprennent et s’approprient Rocket USA de Suicide, optent pour une structure plus classique et entraînante sur Shadow Hills California, s’emportent sur le percussif Smears avec des rafales de batterie, cognent dur sur I Will Fall At Your Feet. La guitare triture des sons vicieux. La basse de Cochrane faisait déjà des ravages avec des lignes accrocheuses et distordues. La voix sentencieuse broie énormément de noir. Un disque qu’on ne se lasse pas de réécouter, très marquant d’une époque mais qui a très bien vieilli.