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The God Machine
Scenes From The Second Storey - CD
Fiction records 1993
[publié le 23 février 2025]



La réédition en vinyle en ce début d’année des deux albums de The God Machine a donné envie de ressortir les vieux CDs. Et si un groupe mérite qu’on braque à nouveau les projecteurs sur lui, c’est bien The God Machine. C’est pas qu’il soit totalement inconnu, loin de là, mais il aurait pu être énorme, devenir un groupe phare des 90’s. Il est juste devenu culte, un groupe oublié, un groupe qu’on chéri jalousement en marge des courants dominants et dont le nom fait toujours frissonner ceux qui savent. Mais la tragédie a frappé The God Machine. Pendant l’enregistrement du second album en 1994, le bassiste Jimmy Fernandez meurt d’une hémorragie cérébrale après avoir été admis à l’hôpital quelques jours plus tôt suite à de violents maux de tête. Dévastés, les deux autres membres du groupe, Robin Proper-Sheppard (guitare, chant) et Ron Austin (batterie) mettent fin à The God Machine. Mais ceci n’explique pas entièrement le fait que leur premier album Scenes From The Second Storey publié un an auparavant n’ait pas connu le succès qu’il aurait dû obtenir. Ne figure jamais dans aucun bilan et autres classements à la con des meilleurs albums de l’année. The God Machine n’a pas réussi à trouver sa place dans un monde musical trop compartimenté. Et encore moins sa place dans son pays d’origine. Les trois membres sont américains, originaires de San Diego et Los Angeles. Mais c’est en déménageant en Angleterre en 1990 qu’ils vont se faire connaître et passer pour un groupe anglais et qu’il reste largement méconnu de l’autre coté de l’Atlantique. Après quatre maxis, le trio publie carrément un double-album pour ses débuts sur Fiction records, le label connu pour héberger The Cure. 78 minutes. Rien que ça. Qui commence par un sample d’une citation de l’écrivain Paul Bowles sur Dream Machine, soit exactement le même sample qui ouvre Enemy Of The Sun, l’album de Neurosis paru aussi en 93. Un premier disque dans lequel The God Machine a déversé toute sa grandeur, ses tourments, sa colère, sa tristesse. Un disque aussi sophistiqué que brute, solennel, mystique, profondément mélancolique et sombre, tribal et lumineux, capable de passer de rythmes lourds et de riffs puissants à des moments d’une rare grâce et beauté (It’s All Over qui fend le cœur, The Piano Song), parfois au sein d’un même morceau comme The Blind Man qui débute à la guitare acoustique et termine dans une chevauchée violente et exaltée ou les neuf minutes de Purity balançant entre musique symphonique et cavalcade tribale et répétitive. Capable d’alterner le calme et la tempête, la simplicité et la complexité, d’écrire des titres qui avaient tout pour devenir des tubes (She Said, Out, Home avec les magnifiques Voix Bulgares en intro) et les longues pièces à se damner (Seven qui en fait seize de minutes avec clarinette, violon et violoncelle à l'appui), évoquant aussi bien Swans période Love Life que Spacemen 3, The Cure ou Joy Division pour ne finir par ressembler qu’à eux-mêmes, pratiquant autant le post-rock qui ne s’appelait pas encore comme ça que le metal le plus brillant et bien d’autres courant que le trio a amalgamé pour le fondre dans sa propre matrice. Un mélange unique de force et de fragilité avec le chant du torturé Robin Proper-Sheppard pour treize compos marquantes et charismatiques, avec de l’espace et de l’ampleur qui décuple l’impact de cette musique, tout comme elle pouvait se révéler hypnotisante en concert si mes maigres souvenirs d’un show à Londres en 93 ne sont pas déformés. Un album épique qui n’a toujours pas d’équivalent.

info : Robin Proper-Sheppard vocals, guitar. Ron Austin drums, piano. Jimmy Fernandez bass. Produced by The God Machine, engineered by Kenny Jones. All songs recorded at Blackwing, Maison Rouge and Matrix studios, London except the Piano Song and It's All Over recorded at Joe's garage with Roger Askew and Temptation as a live improvisation recorded in room three. All songs mixed by Kenny Jones at Matrix studios. Mastered at the Townhouse by Kevin Metcalfe. Vocal chant on The Desert Song by Katharine Gifford. Programming by Andy Montgomery, preacher provided by the burting church, vocal on Home by the Voix de Bulgares, clarinet on Seven by Ian Bishop. Purity recorded acoustically with Christiane Van Der Lee on cello, Anthony Pleeth on cello, Gavyn Wright on viola and Neil Filby on violin, string arrangement by Robin Proper-Sheppard; conducted by Nick Ingman. All other atmospheric nuances and nuisances created by The God Machine and Kenny Jones. Sleeve by Designland.