The Art of Losing
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Gordz
Cor 7''
Ruminance records 1997

split with Happy Anger 7''
Ruminance records 1998
s/t - CD

Ruminance/Euphrate records 2001

[publié le 16 janvier 2021]




Gordz, groupe parisien, avait débarqué à une époque où les guitares n’étaient plus trop à la mode, que le meilleur du noise-rock cherchait un second souffle et que de nombreux groupes français assimilés à cette scène au sens large comme Condense, Prohibition, Bästard avaient mis la clef sous la porte. C’était en tout cas que qui s’était dit à l’époque parce que tout ça est devenu un peu vague et lointain. Plus de vingt ans, en 1999, quand le trio Gordz s’est fait connaître avec un split single avec Happy Anger pour continuer à faire flamber le noise-rock. Mais avant ça, en 1997, Gordz, qui évoluait en quatuor, s’était fait les dents avec Cor, un méconnu premier single quatre titres à ne pas sous-estimer. L’enregistrement n’est pas tout à fait à la hauteur, ne rend pas justice à ce noise-rock que l’on sent déjà (af)futé et piquant. Manque d’impact et d’ampleur dans le son mais tout les éléments de fabrication étaient déjà à disposition. Ce chant sans parole mais avec des cris, des exclamations, des sons absurdes, ce truc décomplexé dans leur noise-rock qui est encore sage pour les débuts mais ne demandant qu’à sauter dans tous les coins sans ordre précis, une musique à tendance instrumentale qui coupait déjà les têtes après les avoir fait tourner et délivrait de très bons morceaux juteux comme Arbr, Chroïme et Urine Bus alors que Diplomatic Goods joue une carte plus mélodique et que la basse marquait déjà de son empreinte la musique des Parisiens. Gordz était bien lancé.








C’est donc en 1998 que Gordz avait déboulé dans mon petit paysage sonore. Et quelle entrée. Une pochette toute transparente que Gordz avait publié sur son propre label Ruminance avec de l’autre coté un titre (Little Glimmer) des Lyonnais de Happy Anger. Mais c’est uniquement la face Gordz, passé en trio, avec le brillant Cube.e qui retient toute l’attention. Le son pète à la tronche. Tous les niveaux ont été relevés. La dynamique fait des merveilles. C’est large d’épaule, finement musclé et malin comme un singe. Les voix se multiplient, se croisent, prennent leur aise, se montre divinement débile et mordante. La guitare éclate au grand jour, la section rythmique est imprévisible comme ce morceau semblant capable de partir en vrille à n’importe quel moment comme après ce break où un second morceau fait mine de se dessiner. Ce fabuleux morceau qui fait toujours des ravages après tout ce temps a été remixé sur le premier album de Gordz en 2011. Mais dans le téléchargement qui suit, la version single est présente avec les craquements du vinyle parce que c’est comme ça que Cube.e est (largement) plus bandant.
Après une mini-tournée en France de Gordz et Arab On Radar que j’avais eu le plaisir de goupiller et accompagner en septembre 2000, le trio parisien sort son premier album en 2001. C’est court, à peine vingt minutes mais suffisant pour recevoir sa fessée. Skin Graftien dans l’âme, la musique de Gordz s’est dévergondée, débridée, a pris du volume, paraît faire n’importe quoi mais se révèle sacrément virulente et percutante, regorge d’idées savoureuses et sulfureuses, n’hésitant pas à confronter les mélodies, voir une certaine gravité (Fantôme, Sirop) à une déflagration euphorique de rythmes, de cris énergisants, d’une guitare adepte de la flagellation, d’une batterie frénétique, subversive et d’une basse toujours aussi énorme. Noise-rock frondeur, pétillant, inventif, ce disque n’avait pas d’équivalent à l’époque en France et n’en a toujours pas eu. Après ça, Gordz s’est calmé avec Charge en 2003 et Super 100% en 2009 et si ces deux disques restent intéressants, jamais Gordz ne retrouvera le feu trublion de ce premier album.









infos 7'' Cor : 33 rpm, gatefold sleeve. Gordz : Armel, Cyril, Fred, Fred. Musica : Gordz. Vinyls-gravure : Gramofonove Zavody. Noise-applic : Studio scène. Grâce : Ruminance Edition. Mai 97. Dysurie.
info CD : enregistrement et mixage Patrick Muller. Basse Frédéric Fruchart. Batterie Armel Néouzel. Guitare Frédéric d'Hérouville. Coproduction Thomas Jagu. Tour manager Xavier Jagu. Staff Benjamin Corteel. Cube version Axel Monneau. Pochette Moulard. Photos Claus Bjørn Larsen / Juan Muñoz.