Germbox
Groaning Bridge 7''
Aural Rape records 1991
Creamy Loop 7''
Caulfield records 1992
A Caulfield Compilation 7''
Caulfield records 1993
[posté le 30 décembre 2014]

Dans la série groupes noise-rock de la mort qui n'ont fait que passer et qui n'intéresseront qu'une poignée d'individus en rupture sociale, je veux Germbox. Kansas City, Missouri, début années 90, Germbox est sûrement passé pour des ovnis. Ou des branleurs arty qui pratiquaient un rock bien trop compliqué. Groaning Bridge, trois titres d'un noise-rock tarabiscoté, décousu et narratif. Le rythme ne sait jamais sur quel pied faire danser. Mais il est majoritairement dans la retenue, le mid-tempo qui rajoute de la tension, les explosions contrôlées. Le guitariste semble naviguer à vue, l'équilibre semble précaire, le chanteur miaule, pleure, parle, rigole amèrement, hurle, seul ou à plusieurs, tout ce qui lui passe par la tête semble bon à être postillonner dans un micro et l'ensemble sonne comme une réunion unique entre Bitch Magnet et Craw. Face A, Frankie Mayorga et Nap, et face B, les six minutes de Penis, Cigarettes And Thieves pour t'enfoncer encore plus dans la tête qu'à cette époque, tout était permis. Le seul bémol de ce single qui l'empêche d'être un phare au milieu de la tempête, outre le fait que les compos sont encore bancales et pas toujours bien en place, c'est l'enregistrement qui est loin d'être à la hauteur nécessaire de cette folie passagère manquant de puissance et de relief. Mais les graines étaient semées.





Et la récolte va être merveilleuse sur le second single. Creamy Loop, le vrai grand et bon disque de Germbox. Le son est au rendez-vous. Le noise-rock de Germbox gagne en épaisseur, en violence, les deux compositions resserrent les rangs et les fesses sans perdre de leur complexité ambiante. Side B, Godtrot est LE morceau de Germbox. Une bombe incendiaire crépitant sous le feu d'une rythmique croisant le fer avec Slug, Table et Johnboy. Le chanteur a également resserrer les cordes vocales, avale son micro, suintant de hargne, donnant à Germbox une tournure presque hardcore. Side Z, Spit est LE second morceau de Germbox. Deux chants se croisent, se portent mutuellement, donnant une coloration singulière à ce noise-rock tour à tour tordu et virulent. La basse bourdonne sournoisement, la caisse claire cingle l'air pour un morceau encore plus malsain et méchamment lancinant.







Le dernier gravé sur du vinyl de Germbox se nomme Seed et se trouve sur un single compilation 4 titres publié par Caulfield records, label du Nebraska qui appartenait à un mec de Sideshow si ma mémoire ne me fait pas défaut. Issu de la même session d'enregistrement que les deux titres de Creamy Loop, Seed est aussi fumeux, rend accro et développe des nectars d'un noise-rock vu au travers d'un prisme déformant que Germbox commençait à divinement pratiquer et qu'ils n'ont hélas pas développer plus longtemps. Sur l'insert, une photo de Germbox en concert avec la mantion nécrologique : Germbox 1989-1992.
Sur ce single, trois autres groupes sont aussi à l'honneur mais rien qui n'arrive à la cheville de Germbox même si le morceau emo/post-hardcore de Sideshow donne envie de ressortir un album qui n'a pas vu la lumière depuis très longtemps pour voir s'il n'a pas trop vieilli. Les deux autres groupes se nomment Mercy Rule et Molly McGuire. Rien de honteux mais vous avez aussi le droit de passer votre chemin.

La vie après Germbox, ce sont les géniaux Quitters Club pour Matt Bramlette le batteur et Davy Jones le chanteur. Une compilation également publié en 2002, A Fraction of Exaggeration, sur Caulfield records avec tous les morceaux susnommés et trois inédits en plus. Et c'est aussi une mystérieuse cassette dont j'apprends à l'instant l'existence, appelée Bland, avec six morceaux inédits, aucune date de parution et autres infos croustillantes comme du son par exemple. Si jamais un aimable quidam en sait plus, les services Molette & Tourniquette de Perte & Fracas vous en seront éternellement reconnaissant.

Vous pouvez faire également comme si vous étiez en 1992 et assister l'air de rien (ou presque) à un concert en entier de Germbox, voir des extraits de leur tout dernier concert à Reno dans le Nevada avec un titre inconnu au bataillon (15 Little Death), écouter un autre inédit qui n'est sur aucun disque comme ce Melancholia et reprendre une vie normale par la suite.