Escare
s/t cdep
self-released 1992
[posté le 28 janvier 2012]

Quand on écoute un peu trop de Glu dans la semaine, il est normal de se coller du Escare entre les oreilles. Surtout après un revival Mug et La Mâchoire. Escare, c'est Pierre Poirier, ex-chanteur de Aspro 5000, considéré comme le premier groupe hardcore de Bordeaux et futur poète de Glu. A la batterie, Pat Z., l'ex-La Mâchoire. Pierre Mathès à la guitare et membre de RWA, autre groupe bordelais dont on vous recausera un de ces jours et Pierre Baudry à la basse. Comme dit sur leur site à l'époque, c'était un groupe de Bordeaux ultra-confidentiel, qui n'a sorti que ce maxi 4 titres (+ deux titres sur une compilation d'Amanita records, Amanita studios où ont été enregistrés ces morceaux) mais ce putain de maxi, chichement emballé dans son maigre boîtier plastique, est sûrement un des tout meilleurs disques qui soit sorti de cette scène noise-rock française des années 90. Je pèse mes mots. Mais à cause d'une existence très courte et d'une poignée de concerts uniquement dans la région bordelaise, Escare est resté un secret très bien gardé.
Escare, c'était un noise-rock barré, expérimental mais qui ne manquait surtout pas de tranchant. D'ailleurs, le tout début de Non Existence n'arrête pas à chaque fois de me faire penser à une rythmique de Big'n. La comparaison cesse là. La musique de Escare a beau se remplir la panse de breaks multiples, de cassures, d'une guitare écorchée et inventive et d'une basse qui le lui rend bien, Escare flagelle finement, percute les dents en avant, avec des compositions à la complexité apparente mais écrasant tout sur son passage, méchamment efficace, comme le monstrueux morceau d'ouverture, Quatre Pattes. L'enregistrement est incisif, il y a de l'instrument et de la dissonance qui tombe au kilomètre carré mais chaque instrument résonne clairement. Seul le chant finalement ne ressort pas aussi distinctement que les élucubrations à venir dans Glu. Une voix pas mise en avant mais suffisante pour faire comprendre toute sa dimension malsaine. Que ce soit dans les borborygmes de Quatre Pattes, le titre Gerbe en silence où les Ta gueule ornant magnifiquement Tais-toi & mange avant de finir par tourner en boucles. Et la fermer, c'est bien tout ce qu'on peut faire, suite à la brillante et trop courte démonstration de force de Escare.