Dead And Gone mais on y revient toujours. Sept ans auparavant, The Art of Losing avait commencé par la fin avec The Beautician, troisième et dernier album de Dead And Gone et Shiny And Black, un double single. Parce que c’était le meilleur de Dead And Gone, groupe d’Oakland, au tout début du nouveau millénaire. Mais les débuts de Dead And Gone avaient été sous-estimés. Il est venu le temps de rectifier le tir. Et parce que cela fait une occasion supplémentaire pour rajouter une énième couche sur Creeps On Candy, formation très éphémère dans laquelle sévissait les trois musiciens de Dead And Gone et qui a publié entre le second et l’ultime album de Dead And Gone, l’inestimable Wonders Of Giardia. Alors certes, T.V. Baby publié en 1995 ne possède pas le magnétisme de The Beautician mais dans les pas d’un Born Against, Moss Icon ou Universal Order Of Armageddon, ce premier album avait de la gueule. Un punk-hardcore qui commençait déjà à dévier de l’orthodoxie du genre, ménageant de l’espace et jouant sur les silences, les baisses de tension, l’intensité en sous-main, des dérapages et des triturations sonores dans un enregistrement sec et brutal et des titres comme le superbe Red Handed où Dead And Gone manifeste déjà un sens aigu du drame. Rockey Crane (Year Future, Kill The Capulets, Some Girls, Optional Body) montre sa science du bruit et du riff précis ne s’interdisant pas la petite harmonie avantageuse. La section rythmique avec la géniale basse de Brian Stern et la batterie de Joey Perales est un socle aussi combatif qu’inventif. Le chant de Shane Baker peut parfois sembler manquer de nuances et trop ancré/typé dans le style punk mais ses postillons incessants ne manquent pas de corrosion. Huit titres âpres, cassants, le couteau entre les dents et qui méritaient vraiment d’être écoutés attentivement.








C’est sur l’emblématique label Alternative Tentacles que Dead And Gone publie en 1997 son second album God Loves Everyone But You. Les intentions restent identiques. Proposer un punk-hardcore teinté de noise cherchant son salut dans des voies plus singulières, ne pas compter que sur les muscles et l’agressivité, défier la pression, insuffler un lyrisme abrupt, tourner autour de sa proie, s’insinuer entre les lignes, serpenter avant d’attaquer soudainement, peser le pour et le contre dans onze titres magnifiquement structurés, sous contrôle mais jamais loin des flammes. Je ne sais pas ce qui ne m’avait pas plu à l’époque, si l’écoute répétée de The Beautician (et Wonders Of Giardia) avait faussé le jugement en découvrant le groupe à l’envers et en plaçant la barre trop haute mais là, maintenant, God Loves Everyone But You est une sacré belle raclée avec une poignée de morceaux obsédants.
En 2019, Dead And Gone est revenu d’entre les morts pour quelques concerts, est apparu sur les internets (ici et là), a ressorti l’album photos et de vieilles vidéos. Dead And Gone, on y revient toujours.