Davy Jones Locker
Palpable - CD
Semetery records 1993
Ultimate - CDEP
Agony/Semetery records 1993
[publié le 22 juin 2021]



Troisième et ultime album de Davy Jones Locker. Changement de décor. Et ce n’est pas qu’une histoire de pochette. Le groupe de Thionville qui est passé quartet avec le départ d’un des deux guitaristes (David Valli qui avait crée son propre projet solo sous le nom de Pore et qui vient de réapparaître au sein de Foggy Bottom) aborde des territoires difficiles et escarpés, heurte le champ expérimental, s’éloigne du monde rock, plonge dans les eaux troubles du psychédélisme pour mieux le corrompre, le noircir, rendre vos cauchemars encore plus angoissants. Je me rappelle avoir été à l’époque (et je n’étais pas le seul) décontenancé et déçu par cette nouvelle direction prise par Davy Jones Locker qui allait se saborder dans la foulée. Un mauvais souvenir se dissipant après près de trente années d’un CD qui n’était plus jamais sorti de son boîtier digipack (aucune version vinyle n’existe). Certes, ce n’est pas le meilleur album de DJL ou du moins le plus représentatif. Mais après toutes ces années, quand vous êtes capables d’écouter Palpable complètement détaché de ce que le groupe avait réalisé avant et notamment le génial Green Album, ce disque n’est pas sans intérêt. Il subsiste encore des traces des disques précédents avec Ultimate et le court morceau Palpable, le Davy Jones Locker plus rock, rythmé, qui mise tout sur un riff, un rythme et rend tout ça obsédant. Sans oublier Jack The Reefer, titre démantibulé et cintré d’un groupe en mode free semblant ne plus suivre aucune règles. Mais en général, c’est long, très répétitif, dans sa version négative avec l’introductif et lent Knobs pas follement engageant pour la suite en s’écrasant au ralenti au bout d’une route monotone qui n’allait nulle part. Ou dans sa version plus positive avec Graphism qui il est vrai prend le soin d’évoluer et de changer de cadence et d’ambiance. Et puis vous avez l’entre-deux, les seize minutes de (Don’t Mask) Your Face, interminable, répétant inlassablement le même thème traînant et pourtant pas si fastidieux que ça, laissant dans un drôle d’état cotonneux pas dénué de charme, une overdose jusqu’à ce que mort s’en suive non sans provoquer quelques irréels frissons auparavant. Palpable et pourtant insaisissable, bien à l’image de ce groupe dont la brève existence a laissé une belle trace indélébile mais avec sa part de mystère, d’incompréhension et oublié du plus grand nombre.






Quelques mois plus tôt, de la même façon que CD Single avait préparé le terrain pour Green Album, Davy Jones Locker avait publié un CDEP quatre titres appelé Ultimate, du nom du morceau principal qui sera aussi sur Palpable. Et une façon de prévenir son public des changements musicaux à venir. Un pied encore dans Green Album, l’autre dans Palpable, les trois inédits font le lien et présentent un visage très avenant. Gulp et The End, c’est la face encore rock mais sans le même tranchant qu’avant, plus déviant tout en se montrant percutant, malsain, limite indus avec des guitares qui sifflent et des rythmiques tôlées qui grésillent alors que The Jaickals (Are Coming Back), du bout de ses sept minutes met déjà en scène Palpable mais avec une tension et une angoisse sous-jacente qui tiennent en haleine. Davy Jones Locker ne badinait pas avec les formats courts.