|
|
||||||||||||||||||
|
Various Ah!... Quelle Belle Journée! CD Amanita 1994 [posté le 02 février 2012] L'écoute acharnée du cdep de Escare la semaine dernière a dérivé jusqu'à cette compilation d'Amanita records. Deux titres de Escare y figurent dont Quelle Belle Journée qui va donner son nom à ce disque. Deux titres tout bonnement fabuleux, confirmant le talent des bordelais de Escare qui aura eu la bonne idée de se dissoudre juste après cet enregistrement. Damned ! Noise épileptique, inextricable, compact, batterie au taquet, on croirait entendre une boite à rythme, ligne de basse tachichardique sur Le Nettoyage, défonçage de crâne. Ca ne ressemble à rien et c'est à se mordre les doigts que ce groupe n'ait pu exister plus longtemps. Mais il n'y a pas que ça de bon sur cette compile. Dix groupes pour dix-neuf morceaux. 79 minutes d'un éventail large de l'approche bruitiste de la musique. Revue rapide d'effectif. Autre bordelais au générique, RWA aimait pratiquer un noise-rock malsain, hybride, avec plein de crépitements, de la dislocation et un chant en français dont les paroles racontaient des histoires de tumeur et de meurtres. Sur Seule et Tous les soirs, on entend même des cuivres et comme pour Escare, c'est inclassable et à écouter impérativement. Tant qu'on est dans le sud-ouest, on passe à Voodoo Muzak, groupe du guitariste-grogneur et boss d'Amanita, Stephen Krieger. Un groupe précurseur dans le domaine du noise-rock en France dès la fin des années 80. De leur Pays Basque pas natal, Voodoo Muzak envoie deux missiles bien vicieux et tourmentés, Never Deny et l'incroyable Listen. Si vous ne connaissez pas, c'est une excellente porte d'entrée pour un groupe dont on reparlera plus tard dans une Oldies. Le sud toujours mais plus à l'est, le duo montpelliérain X-Rated-X, les grands frères de Binaire. Deux guitares, une boite à rythme, des voix qui hurlent leur frustration et un maximum de dommages. Encore plus à l'est, les marseillais de Kill The Thrill avec deux énormes morceaux qui, hélas, ne sont pas inédits puisqu'ils figurent sur l'album Dig. Mais c'est toujours un plaisir de les réécouter. On remonte vers le nord avec le trio des parisiennes One Arm. Ce groupe n'avait sorti qu'un single (Treat/Brillant) en 1994. A ma plus grande surprise, ce groupe existe toujours, sous une forme différente (deux bases, deux batteries + samples). Un album, Mysore Pak, semble en cours de réalisation ou alors ce n'est qu'une sortie digitale et vous pouvez l'écouter sur leur site. Une musique difficile à épingler. Sorte de no-wave minimaliste et hypnotique. On retrouve deux titres, le speed Dread Fred plus un autre titre (One Arm, tout simplement), perturbé et étrangement onirique. Du grand et bel ouvrage ! Mais il n'y a pas que du français sur cette compilation. Au rayon réussite, les berlinois de Freicore. D'eux, je ne connais que ce titre et un autre sur un split single avec RWA. C'est du méchamment guerrier, une greffe d'Alboth! sur une pousse encore plus tordue et violente. Ce titre, Rapid Strength, c'est six minutes d'intense plongée dans un alambic à fragmentation, un levé de soleil sur le Reichstag avec les orgues de Staline en guise de réveil matin. Les New-Yorkais de Krackhouse proposent deux titres d'un rap mutant, trafiqué. Si tout le rap pouvait être comme ça, j'en écouterais tous les jours, bien que le deuxième titre, Pills, emprunte des chemins encore plus déviants, pour un résultat encore plus convaincant. Le reste de leur discographie ressemble à un grand mystère mais mériterait qu'on s'y penche. On finit par deux groupes dont je n'ai jamais entendu parlé par ailleurs. Et pour cause, leurs morceaux sont loin de déclencher l'hystérie. Rien de rédhibitoire mais la concurrence est forte sur ce disque et sur l'échelle de l'intérêt, ils se positionnent en bas. Les Suisses de Jaywalker s'essayent à la formule X-Rated-X avec ce qui ressemble bien à une boite à rythme mais les deux morceaux manquent singulièrement de flamme pour mettre le feu à ce noise-rock un peu terne. Les New-Yorkais de W.O.O, à l'image de leurs compatriotes de Krackhouse, présente une musique relativement hybride, à cheval sur plein de styles, sorte de jazz-core pas mauvais en soi mais laissant de marbre. Un digipack avec un livret dépliable et illustré, aussi sauvagement et tortueusement que la musique, par Les Suicides Pornographiques de Bruno Richard. Bref, une compilation de la part d'un label qui a toujours joué les têtes chercheuses. C'est musicalement riche, déjà en avance à l'époque et n'a rien perdu de sa pertinence, même près de vingt ans plus tard.
|