Zëro
Le Jardin Moderne
samedi 10 novembre 2007

L'affiche est chargée et surtout hétéroclite. Soirée tendance electro avec Jason Forrest aka Dj Donna Summer (Break core discoïde, Berlin) et Vargass (D-Rock, Rennes). Je ne fais que recopier le tract de Mobil-Home, l'asso organisatrice, parce que je n'y connais rien et en plus, j'en ai rien à foutre hahaha ! Le seul et unique objet du déplacement de ce soir, c'est la venue des lyonnais de Zëro. Des ex-Bästard plus des clampins tendance derrière leurs platines, c'est à coup sûr salle comble ce soir. La marade. On serait presque arriver en avance de peur de ne pas pouvoir rentrer.
Dans leurs bagages, Zëro a embarqué Healthy Boy. Ca fait longtemps qu'on est parti se réchauffer au bar du Jardin qui jouxte la salle et qui diffuse le concert via des enceintes. C'est fort le Jardin. Et vu ce qu'on entend, rien nous pousse à la curiosité. I'm fucking sad you know. Ambiance lonesome cow-boy et guitare sèche. Un grand moment de solitude. Le bar est aussi peuplé que la salle de concert. C'est à dire qu'on peut poser son coude sur le comptoir et même les deux sans gêner son voisin(e). Mais au moins c'est plus chaleureux, le barman paye ses coups et la barwoman de la salle est au taquet.

Migration rapide vers la salle. Zëro s'affaire et les affaires de Mobil-Home sont au plus mal. Une certaine idée du bouillon. Comme quoi, la vieille garde n'attire plus autant ou alors c'est juste que Zëro n'a pas eu le temps de se faire un nom et que le public electro est resté dans ses pantoufles. C'est donc avec les coudées franches qu'on s'installe devant la scène. Franck Laurino porte à merveille le crâne rasé, la moustache tombante et le t-shirt Pussy Galore. Eric Aldea a encore rajeunit. François Cuilleron doit boire la même eau de jouvence que Aldea et Ivan Chiossone est le nouveau de la bande. Les échos des débuts de leur tournée ne sont pas bons et c'est un rien anxieux qu'on attend les premières notes.
Ca démarre par Big screen flat people et c'est tout de suite en place. En place avant qu'une corde de gratte ne casse. Dommage, ça partait bien. C'est ce que c'est dit tout haut un fan du premier rang. Faut pas compter là-dessus, ça va être comme ça à chaque fois. Ca c'est la réponse (dans la joie et la bonne humeur) de Aldea. Sauf que le père Aldea, il se trompe. Sans être d'une intensité dingue, ce concert va se révéler excellent. Pratiquement aucun temps mort. Même les nombreux changements d'instruments entre la triplette Aldea-Cuilleron-Chiossone n'alternent pas la montée en force du set. Laurino est le plus impressionnant d'implication, le crâne rasé et la moustache tombante rajoutant au charisme du bonhomme. Il frappe fort, juste, sans en faire des tonnes. Il a toujours été plus dans le touché et la recherche que la démonstration technique. Plus Cop Shoot Cop que Hella.
Si le début de la tournée les a montré timides et peu impliqués, c'était sûrement une question de rodage. On ne revient pas dix ans après sur le circuit rock d'un coup de baguette magique. Même pour des vieux routiers comme eux qui ont plus d'un concert au compteur. Les compos de l'album prennent une autre dimension. Elles gagnent en impact et en nerf. Je me sens presque décoller. Sur The Drag Queen Blues, Aldea répond à mon questionnement intérieur d'une importance vitale. Non, ce n'est pas une voix samplée. C'est bien lui qui s'y colle tout en s'exerçant sur un clavier. Sa voix une nouvelle fois à tomber. Sur scène de nombreux instruments traînent toujours, comme au bon vieux temps des Bästard et ils font preuve de beaucoup de musicalité tout en restant rock.
Tous les morceaux de l'album y passent, avec, cerise sur le gâteau, deux excellents et nerveux inédits. Les reprises de Pere Ubu et Devo sont comprises dans le lot plus une dernière que Aldea nous défie de reconnaître sinon il nous paye ce qu'on veut. Je vois déjà les rangées de bières (désolé, sur le moment, je ne vois pas d'autres ce qu'il pourrait payer) s'étalées sur le comptoir pour tout un public qui m'aime, reconnaissant et admiratif de mon puit de science musical, le Jardin Moderne me faisant membre à vie pour avoir sauvé la recette et et... et merde, c'est quoi ce putain de morceau ?! Pas l'ombre d'un début de commencement d'amorce d'idée et c'est pour tout le monde pareil. Aldea s'en tire à bon compte.

Zëro est définitivement sorti des starting-blocks. Les projets d'enregistrements pour l'année prochaine sont déjà lancés. Les concerts à venir seront encore meilleurs. Tout va bien. Merci, bonsoir.

SKX (21/11/2007)