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Thalia Zedek - Mollasses - Don Lurie 19 Avril 2005 Mondo Bizarro - Rennes Organisation : K-Fuel D'habitude, je me débrouille toujours pour rater Don Lurie. Là, pour une fois que je veux le voir, je le rate involontairement. Don Lurie, c'est un gars tout seul au chant (ou un truc qui ressemble) avec sa guitare, un gars qui écume tous les bars du coin ou hors de la région quand il se ballade avec les Callahan's Bullit. Mais bon, il avait Thalia Zedek au premier rang, ça suffisait sûrement plus à son bonheur que ma pauvre pomme. Je retrouve avec plaisir Mollasses. Du post-rock très très post et pour le coup pas rock pour un sou, fut-il canadien. Une fille au chant derrière ses claviers, un violon (qui joue aussi avec Godspeed You Black Emperor), un guitariste et un barbu batteur, ce qui n'est pas incompatible. Au moins pas la peine d'apporter ses boules quies. Des gens nombreux semblent apprécier. Je sais pas d'où ils débarquent ! Je me glisse au premier rang. Juste sur la gauche de la scène. Là où Thalia Zedek, son micro et sa guitare électrique se tiennent. On ne risque pas le pogo. La musique de Zedek, c'est de l'intimiste, de la violence rentrée, du fleur de peau bien sombre, bref, du rock ! Par rapport à ses projets antérieurs (Live Skull, Come), ses compositions en solo ont une apparence plus calme et introvertie. Quelque chose de plus folk dont la présence d'un violon (David Curry, celui de Molasses) n'est sans doute pas étrangère. D'ailleurs, ce violon est sans doute ce qui, sur la longueur du set, me dérange le plus. Mélodiquement, ça semble un peu toujours la même chose, il n'apporte pas l'émotion que l'on serait en droit d'attendre et comme en plus, il a l'air de se faire chier sur scène Mais peccadilles ! Mes mirettes et mes oreillettes n'en ont que pour Zedek. La force noire. Un bout de femme dont la grandeur se trouve à l'intérieur. Après s'être débarassé de ses problèmes de drogues et autres casseroles, elle semble avoir trouver le chemin de l'apaisement. Sa voix est chargée, un grain travaillé par les années et les galères, une voix tour à tour sombre et lumineuse et une guitariste hors pair. Elle égrène en toute sobriété ses compositions, les yeux la plupart du temps fermés, ne se cachant derrière aucun effet de manche. Pas d'esbroufe. Juste elle et ses compos qui viennent des tripes et du cur. Et le batteur aussi. Daniel Coughlin possède un touché incroyablement efficace et tout en finesse, une main de fer dans un gant de velours, sachant frapper quand il faut casser du bois et sortir les balais le morceau d'après. On se mettrait presque à imaginer un duo, juste lui et Zedek, pour gagner encore plus en sécheresse, prêt de l'os, direct et torturé à la fois. Ils finissent par " hell is in hello ", le dernier morceau de l'album " Trust Not Those In Whom Without Some Touch Of Madness", tout en fracas électrique et agonie bruitiste. Contrairement à Rezé, nous n'aurons pas le droit pour le rappel à la reprise de Leonard Cohen " dance me to the end of love ". Qu'importe, ça fait bien longtemps qu'elle peut nous faire ce qu'elle veut, on s'en contentera sans rien dire. Après le concert, elle déambule comme si de rien n'était dans la salle, se fait payer des coups et moultes tournées de " zouzou ", breuvage locale dont il faut absolument goûter le fumet si vous voulez zozoter toute la soirée ! Le genre de concert qui à l'air d'avoir eu lieu rien que pour vous. Merci Thalia Zedek. SKX (17/05/2005) |