Xiu Xiu | Chris Brokaw | Supersage
Le Jardin Moderne - Rennes - mercredi 10 novembre 2004
orga. K-Fuel
Soirée
aux chandelles avec une affiche à caractère intimiste. En
cette veille
de Toussaint, K-Fuel nous sert l'amuse-gueule avec trois groupes à
faire fuir
tous fans de ska! Supersage ouvre le bal. Un groupe de Rennes fraîchement
formé. C'est leur premier concert. Une fille au chant et parfois
à la guitare.
Un autre guitariste qui officie également dans une autre formation
rennaise
Ruby Red Gun et un troisième larron en invité discret qui
joue également dans,
devinez où, Ruby Red Gun! Dingue non! Supersage est comment dire...
super sage!
Quelques mélancoliques lignes de guitares, une voix très
japonisante, quelques
bidouilles électroniques avec ordinateur assisté. Seules
de rares et
intempestives explosions électriques viennent nous sortir de la
torpeur. Ca a
le charme et les défauts d'un premier concert. Un style de musique
plus à
suivre sur disque que sur scène certainement. On attendra donc
la suite sur
objet gravé...
Chris Brokaw prend la relève. Un fameux personnage de l'underground
musicale
américain qui a commencé derrière la batterie du
groupe slowcore Codeine avant
de passer à la guitare et de se faire un nom au sein de Come (Thalia
Zedek) et
de multiplier les collaborations avec Evan Dando (Lemonheads) ou de jouer
actuellement au sein de Consonant et The New Year (avec 2 ex-Bedhead).
Mais sur
cette tournée où il accompagne Xiu Xiu, c'est tout seul
et armé de sa seule
guitare electro-acoustique qu'il se produit. Assis sur une chaise, un
tambourin
autour de la cheville, c'est parti pour 40 minutes de ballades qui nous
renvoient directement aux images d'Epinal des paysages américains,
son far-west
et son coté "poor lonesome cowboy". Devant un public
assez diffus et dont le
premier péquin doit se trouver à trois bons mètres
de la scène, autant dire
que l'ambiance n'est pas très chaleureuse! Une prestation idéale
dans un lieu
plus restreint, genre Le Mondo Bizarro où au coin du feu en se
déchirant au
whisky, mais là, ça passe moyen. Pourtant, le monsieur est
un excellent
guitariste et son folk-rock s'écoute facilement, surtout quand
il reprend
deux morceaux de Come... Mais pas de frisson particulier... Un concert
les
doigts de pied en éventail mais ailleurs!
Si sur les disques de Xiu Xiu, on ne compte plus les invités, la
formation
scénique est réduite à peau de chagrin. Jamie Stewart
et sa petite amie (sur
scène et en dehors) Cory McCulloch. Un duo mixte qui a la
charge de retranscrire la richesse et la singularité de leurs albums.
Sur
scène, il y a donc beaucoup plus d'instruments/machines que de
musiciens. Des
percussions, une boite à rythme, un orgue pas tout jeune qui se
joue d'une
drôle de manière avec un soufflet qu'on actionne (ça
doit sûrement avoir un nom
ce truc là mais désolé j'ai pas la science infuse)
et autres trucs non
identifiés. Et puis bien sûr ce bon Jamie Stewart en maître
de cérémonie avec
sa guitare et sa voix si particulière. La coupe garçon de
café (non je ne suis
pas jaloux) et voilà qu'il se tord derrière son micro, qu'il
part dans ses
envolées vocales, fragile, colérique, sa voix, encore plus
que sur disque, est
un élément essentiel et très visuel (c'est pas mal
ça hein une "voix
visuelle" !!!!) et pourtant, on pourrait presque la toucher tellement
elle est
présente et plane sur la musique de Xiu Xiu. Le bonhomme n'a rien
d'impressionnant vu comme ça mais son charisme est indéniable.
Sa compère est
plus discrète mais elle est au four et au moulin et est très
accaparée par ses
casseroles, euh pardon, ses percussions, son orgue, etc, etc... Eclectique
et
très douée! Ambiance années 80, ambiance futuriste,
ambiance cris et
chuchotements, ambiance fais moi mal chéri chéri, ambiance
à se danser dessus,
maladroitement, New Order dans le coin de la tronche. La musique de Xiu
Xiu est originale toujours. Que ça plaise ou non à l'arrivée.
Pour ma part, c'est le bonheur. Pas de septième ciel mais un plaisir
fin de voir un groupe à la prestation et la musique unique. C'est
si
rare en ces temps formatés. Le clou restera le dernier morceau
du rappel. La
demoiselle se colle au chant. Seule la guitare de Stewart égrène
de maigrelets accords. Et là, à la seule force de son chant,
le demoiselle fait taire la salle. Même les piliers de bars et les
gens au fond de la salle qui avait décroché du concert la
mettent en veilleuse. Pourtant, le chant n'a rien d'une diva. Plutôt
Jane Birkin si vous voyez ce que je veux dire!! Un chuchotement, des silences,
un vrai numéro d'équilibriste, une mise en danger, à
nue sur la
corde raide et un réel frisson, à l'image de toute la musique
de Xiu Xiu. Un ange passe. Demain les morts.
SKX (18/11/2004)
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