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Fordamage
- Woman Vendredi 14 octobre 2011 Mondo Bizarro, Rennes - asso KFuel Concert de rentrée pour l'asso inoxydable KFuel qui s'apprête à vivre un mois d'octobre intense. Les vieux ont de la ressource. Premier de cette série de trois concerts, les nantais de Fordamage et les new-yorkais de Woman. La Loire contre l'Hudson. Le bruit va couler à flots. En attendant, ce qui coule, c'est la bière que je m'enquille tranquillement à la maison, histoire d'être raccord avec l'équipe de boit sans soif quand j'arriverais en retard au concert. Mais je me sous estime. Pile à l'heure, le temps de saluer des têtes pas vu depuis le siècle dernier et qui ont pris leurs bagnoles pour faire le déplacement depuis Lorient où Woman jouait la veille. Si ça, c'est pas bon signe ! La terrasse abondamment peuplée ne se lève pas comme un seul homme mais les premières notes de Fordamage ont déjà trouvé leur public, bien entassé devant la scène. Les quatre nantais ont pris de la bouteille depuis la toute première fois que je les ai vu en 2006 mais l'énergie est toujours viscéralement vissée à leurs artères. Ils sont déjà en sueur au bout de deux morceaux. Les kilomètres et les kilomètres de tournées se font sentir, l'expérience de nombreux concerts sans se départir de leur spontanéité, secret d'un concert qui part sur les chapeaux de roue et qui ne ralentira jamais. Le répertoire se partage entre les morceaux de Belgian Tango et des petits nouveaux qui, d'ailleurs, n'ont rien de petits et annoncent un prochain nouvel album alléchant. Leur noise-rock est pointu et percutant, ça se cogne dans tous les sens et se termine par un final avec invités. Les trois rennais de Fago Sepia sont appelés sur scène. Ca commence d'abord par les deux guitaristes, ce qui nous fait un total de quatre. Autant dire que ça envoie de la note à la seconde. Le bassiste en profite pour se démarquer et voir si le public aime aussi se prendre de la basse, suivi de près par la guitariste de Fordamage. Deux morceaux de joyeux déluge, accentué par un groove samba-noise. Et quand le batteur de Fago Sepia arrive à son tour, c'est un peu comme si The Ex débarquait dans votre bière avec Getatchew Mekuria mais sans le saxophone. C'est à dire que ça n'a rien à voir sauf que l'african-transe est en route et qu'elle n'a pas envie de s'arrêter de sitôt, quitte à se perdre en route. Ce n'est pas la face Fordamage préférée mais j'ai l'humeur légère et badine ce soir et ce délire entre potes me transporte… jusqu'au bar. Les petits commerçants ont besoin d'être soutenu. Avec Woman, on sent que le délire va être tout autre. Ca pue le rock'n'roll chez ces quatre gaillards et la substance à la petite semaine. Avec au centre des ébats, Skeleton Boy, le bassiste qui a tout compris. Tout est histoire d'attitude, pour la technique, on verra plus tard. Seulement deux cordes à sa basse, les deux plus graves, un jeu digne d'un gosse de six ans avec le coup de poignet d'un adulte mais il a tout misé sur la dégaine. D'ailleurs, le groupe l'a bien compris et l'a positionné juste devant la batterie, au centre de la scène, voir de l'avant scène. Deux jambes comme des flageolets immenses, dans un pantalon noir, taille pupille, des chevilles qui tiennent comme par miracle dans une paire de boots magnifiques paraissant bien trop grandes. Chemise blanche ouverte sur un poitrail transparent. Coupe de cheveu improbable ou comment maximiser au mieux sa calvitie. Et le regard fixe au dessus de la foule, regardant un point imaginaire et la mâchoire constamment serrée, comme si une lame de rasoir était coincée entre ses dents. Skeletor capte toute l'attention et il faudra un bon moment avant de s'apercevoir qu'il n'est pas tout seul à jouer. Les trois autres ont pourtant la dégaine impeccable, rock'n'roll aussi et se charge d'envoyer la masse sonore et hirsute avec un batteur solide, point d'ancrage sous le tir ennemi. J'ai le tort de me placer sur le coté pour prendre ces photos d'un grand sens artistique, juste devant le guitariste qui, comme sur disque, abuse parfois de solo de guitare et de sa pédale wah-wah. Je finis par n'entendre plus qu'elle, contrairement au chant de l'autre guitariste. Je le vois bien ouvrir en grand la bouche, gueuler comme un damné mais je n'entends rien. Mais il fallait bien cette plongée au cœur des amplis pour ressentir tout le souffre de leur rock crasseux et malsain. Si la tournée s'était déroulée dans l'autre sens, je n'aurais sûrement pas fait le déplacement jusqu'à Lorient mais ça valait le coup d'être vécu. SKX (17/10/2011) |
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