Ventura - Fago Sepia
mercredi 19 janvier 2011 - Mondo Bizarro - Rennes
orga : K-Fuel

Deux ans. Bientôt deux ans qu'un compte-rendu de concert n'a pas fleuri ces pages hautement dynamiques ! Faut pas croire qu'on se tire la flemme par ici (bon ok parfois, genre la dernière venue de Zu à un kilomètre d'oiseau à peine du foyer familial, qui était le meilleur concert de ces dix dernières années - au moins - selon les dires de certains, comment ça y va parfois pour te faire regretter encore plus), des concerts, on en a vu mais la flemme de l'écriture, ça existe aussi. Tout comme les concerts pas mémorables qui ne donne pas envie de donner suite. Et ce premier concert de 2011 aurait pu prétendre à cette dernière catégorie.
L'Amicale de l'Apéro Prolongé ayant de gros dossiers à traiter, c'est avec panache que nous ratons les rennais de Fago Sepia. Aux dires de certains, ce n'était pas le meilleur concert de ces dix dernières années mais on nous a bien fait comprendre qu'on pouvait s'en mordre les doigts, surtout le final à deux batteries. C'est dingue la perversité de certain(e)s pour vous faire croire que les meilleurs concerts sont toujours ceux que vous ratez.
C'est donc avec un timing parfait que Ventura entame les hostilités devant une audience bien garnie. Bien longtemps que je n'avais point vu un Mondo Bizarro avec autant de fumeurs sur le trottoir, trottoir qui ne va faire qu'un pour rentrer en masse dans l'étroit Mondo. Et repartir dans le sens inverse, doucement mais sûrement, refaire le monde sur un trottoir ne connaissant jamais la crise. Les deux premiers titres de Ventura ont pu nous faire croire à un moment formidable à venir, le trio entamant avec deux tubes de leur dernier album, 24000 People et With Ifs si ma mémoire est bonne (et après les soirées de l'Amicale, ce n'est jamais une certitude). Mais ça se tasse très rapidement. Rien à dire sur la qualité des morceaux. Par contre, la prestation est comme leur nationalité de Suisse : neutre. Voir terne et sans passion. Autant rester à l'apéro et écouter l'album en position maximale, l'effet eut été le même. La chaleur en plus. Je veux bien l'habituelle excuse de la fatigue, le guitariste-chanteur ne paraissant pas au mieux de sa forme. Mais mon petit doigt me dit que ça se passe souvent comme ça chez Ventura. Les morceaux défilent mais on s'emmerde sec. L'exécution est sans relief, les mecs ont l'air de royalement assurer la routine d'un concert de plus. Pire, les morceaux paraissent moins bons. Demons, titre phare de We Recruit est une flammèche inoffensive. Il faut attendre Brace for Impact pour qu'un semblant de folie s'empare du groupe sur la fin répétitive. Une folie qui aurait pu se prolonger avec It's Raining On One Of My Islands, titre du single avec David Yow ou avec la reprise d'un morceau de Scratch Acid, un regain de tension agitant mon tibia gauche. Le chanteur a hélas cette grande lucidité en introduction : désolé, je ne chante pas aussi bien que David Yow et le titre passe comme les autres. Avec l'envie d'aller boire une bière et de laisse tomber. C'est d'ailleurs ce que fait le groupe comme le public, qui d'un commun accord tacite, ne demande aucun rappel.

On espère tout de même une revanche le 29 avril prochain, pour la grande messe de l'Africantape festival à Lyon. En attendant, L'Amicale peut se reformer pour le Digestif A Pas d'Heure.

SKX (26/1/2011)