Unsane - Black Fire Revelation - Fordamage
mardi 7 mars 2006 - Le Jardin Moderne - Rennes
orga : K-Fuel

Ca fait combien de temps que j'ai pas vu Unsane ? 5 ans ? 6 ans ? La mémoire défaille, je me rappelle même plus où ! En tout cas, je m'attendais plus à revoir Unsane de mon vivant et c'est tout surpris que je me vois me traîner dans la banlieue rennaise au Jardin Moderne où K-Fuel qui attend la foule des grands soirs a décidé d'organiser cette sauterie nostalgique.
Fordamage a tout juste débuté son concert quand mes pieds pénètrent dans la salle. Timing parfait. Nantes à l'heure pour ce jeune groupe aux influences noise-rock évidentes entre tout les Dazzling Killmen et Shellac de la terre. Passages punks et bruitistes direct dans la tronche entre des tournures plus complexes. Tout le monde chante, gueule, le batteur en premier, le bassiste, la fille derrière sa gratte et son compère à sa droite, ça se marre, ça bouge. L'enthousiasme et le plaisir de se retrouver là sont évident et masquent la jeunesse de l'ensemble. Je ne parle pas de l'âge (ils devaient en être à Dorothée quand Unsane a pilonné ses premiers accords) mais des compositions qui bouillonnent, qui augurent de belles choses mais qui sont encore vertes.

Une bonne entame…. Que Black Fire Revelation va se charger de saboter en beauté. La Louisiane d'où ils sont originaires et son ouragan n'ont pas tout emporté dans leur sillage dévastateur. Ils ont épargné ce trio. C'est pas de bol. Accompagnant Unsane sur toute la tournée, on se voit contraint et forcé de subir leur (heureusement) courte prestation. La guitare V est du plus bel effet mais c'est tout ce qu'ils ont. C'est un peu comme si un groupe de hard-rock essayait de faire du Unsane. En pire. Ils ont au moins l'avantage de faire renouveler l'air de la salle en la vidant d'une grande partie de son public parti voir dehors si c'était plus respirable.

Chris Spencer qui s'était pointé juste sur le devant de la scène pour soutenir ses potes est désormais monté dessus (la scène, pas ses potes, quoique qu'après tout je ne sais pas ce qui se passe dans le camion) avec l'habituel bassiste et son accent canadien. D'après mes informateurs qui oeuvrent au sein de la bataille, c'est pas la grande forme du coté des New-Yorkais. Le Spencer est allongé depuis qu'il est arrivé, souffrant apparemment d'une sciatique… Rattrapé par l'âge de ses artères. La nouveauté qui fait jazzer est l'arrivée d'un nouveau batteur. Et pas des moindres puisqu'il s'agit de Will Scharf, batteur sur les deux derniers albums de Craw et à temps complet dans Keelhaul. Exit Vince Signorelli. Temporaire ou non, on n'en sait fichtrement rien mais ça a tout l'air d'être définitif… Le physique du bonhomme, avant même d'avoir entendu son premier coup de baguette, est impressionnant. Crâne rasé, tête à la Monsieur Propre. Son cou, ce sont mes deux cuisses. Ses épaules, mon torse et celui de mon voisin. Je vous laisse imaginer le sien, de torse, et continuellement un sourire dont on ne sait si il est grimaçant sous la douleur ou tout simplement diabolique. Bien calé sur la gauche de la scène, j'avoue être resté un peu scotché sur le personnage.
Car pour les deux devant, c'est du classique. Spencer et Curran exécutent la partition comme des centaines de fois, se retournant et s'approchant du batteur régulièrement comme pour créer une symbiose qui n'existe pas encore. Le jeu du batteur en tout cas change la donne. Le style est carré mais dans la complexité, titillant avec un plaisir salace la cymbale et la caisse claire plus que le tom basse à la Signorelli, donnant aux compos d'Unsane une tournure différente. Les titres s'enchaînent. Je vous ne les citerais pas. A chaud, j'arrive jamais à les reconnaître mais c'est un mélange de toutes les époques, le public réagissant un peu plus sur des morceaux de leur passé qui ont fait leur gloire. Ceux là, je les reconnais beaucoup plus, sans pouvoir les citer, mais mes genoux bougent tout seul à la simple déflagration de riffs et coups de basses, signe, non pas qu'il va pleuvoir, mais que ces putains de titres ont été maintes et maintes fois écoutés ! Je ne sais pas si c'est parce que je n'attendais rien de spécial de ce concert mais la prestation ne me laissera pas un souvenir mémorable. On sent la fatigue sur le visage de Spencer et la routine d'un énième show pour eux, un de plus, alors que pour le public, c'était unique, attendu de pied ferme et qu'on s'attend toujours à l'exception, ce moment qui vous fait frétiller la couenne plus que de raison. A dans cinq ans.

SKX (19/03/06)