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Chrome Cranks + Dead Horse Problem Lundi 02 septembre 2013 Le Galion - Lorient Les concerts du lundi soir, c'est jamais facile de se motiver. Mais en plus, quand c'est à Lorient, qu'il va falloir se taper 3 heures de bagnole aller-retour, rentrer tard dans la nuit et se lever tôt le lendemain pour aller au turbin, y'aurait comme un p'tit coup de mou à l'heure du départ, l'ombre d'une grosse hésitation. Mais merde, les Chrome Cranks passent pas tous les jours dans le coin. Deux autres indécrottables sont de la partie - les vieux ne se refont pas - dont un portant un magnifique chapeau. Vas-y, roule ma poule, il fait beau, direction l'ouest, le soleil dans les yeux, les cheveux au vent. Première fois que je mets les pieds dans Le Galion. Un café-concert comme on dit, dans le quartier du port. Une grande salle dès la porte franchie, avec la scène sur la droite et le bar courant contre le mur du fond. Ambiance vieux loup de mer et pas seulement pour la déco. Au final, environ 80 personnes sont venues s'encanailler un lundi soir. Score très honorable. Avant les Chrome Cranks, d'autres rennais ont fait le déplacement, à savoir Dead Horse Problem qui ouvre le bal. Un groupe de et avec le boss de Beast records. Je vois ça de loin. Les premiers morceaux n'ont rien de désagréable (sorte de swamp-blues-punk avec un cuivre) mais quelques titres suffisent et la route a donné soif. L'appel de la Guinness se dégustant sous la douce brise du port est le plus fort. Professionnel jusqu'au bout. Chrome Cranks s'installe. Un des musiciens attend patiemment que ça se passe, assis sur scène sur un tabouret. C'est le guitariste William G. Weber. Le problème, c'est qu'il ne quittera jamais cette position. Même au plus chaud du concert. C'est qu'ils ne sont plus de première fraîcheur les New-Yorkais. Crée en 1988 à Cincinnati, relocalisé à NY, disparu des radars vers 1996/97 et réactivé en 2011/2012 avec un bouillant album pour signer leur retour (Ain't No Lies in Blood), ils ont pris 25 balais dans le compteur et ça se voit. Outre ce volumineux guitariste qui a l'air éreinté avant de commencer, le bassiste Jerry Teel n'a pas l'air de pouvoir bouger beaucoup plus et sera tout aussi statique que le guitariste. Mais en mode debout. Reste le légendaire Bob Bert, assis lui aussi mais c'est normal puisque c'est le batteur. Et des tabourets, il en a vu. Batteur de Sonic Youth jusqu'à l'album Bad Moon Rising, de Pussy Galore, Action Swingers, Boss Hog, Five Dollar Priest, leader de Bewitched, bref, le mec a de quoi en imposer. C'est avec discrétion et une force tranquille qu'il va assurer le job. En fait, tout le show repose sur les épaules de Peter Aaron (guitare/chant). Et lui, le poids des années, il ne connaît pas. Le regard rouge, la dégaine assurée, le sourire torve et toisant le public, les déhanchements rock'n'roll, le micro aspergé de postillons, la voix fiévreuse, le premier rang près duquel il vient se frotter et les sauts de cabri, il assure le spectacle. Et dans son sillage, il emmène tout le monde. Public et ses trois acolytes qui, malgré une frénésie proche du mollusque en pleine sieste, joue à la perfection et avec toute la conviction que leur âge leur permet. Et à vrai dire, on en a rien à foutre de leurs artères. On a d'yeux que pour Aaron. Derrière, la musique sonne de feu de Dieu. Que demander de plus ?! Chrome Cranks enchaîne les tubes, quelques-uns du dernier album comme I'm Trash et d'autres plus anciens dont je ne me rappelle plus du tout. Mais vu le plaisir à écouter ça ce soir, une session de rattrapage va être nécessaire et obligatoire. The Chrome Cranks a gagné ses galons de groupe garage-punk-noise mythique depuis longtemps. Si dans mes souvenirs, les premiers disques ne sonnent pas aussi bruyants et violemment rock, en concert, les New-Yorkais en donnent une version sauvage, percutante et saignante, dans la lignée de Ain't No Lies in Blood et ce n'est pas pour me déplaire, oh que non ! Un grand moment de rock'n'roll. SKX (10/09/2013) |
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