The Blind Shake
mercredi 15 avril 2015 au Galion, Lorient.

Si The Blind Shake ne vient pas à toi, alors va à The Blind Shake. La date de The Blind Shake à Rennes ayant été annulée parce que la vie est trop conne, une folle équipée sauvage prend la direction de l'ouest sous le chaud soleil breton. Après une série d'albums plus incendiaires les uns que les autres, The Blind Shake ne peut décemment pas se rater.
Pas de première partie. Rien que The Blind Shake. Direct dans le vif du sujet. Devant une foule immense d'au moins 30 personnes. La misère pour un groupe qui en mérite dix fois plus. Mais le trio de Minneapolis va justement faire comme si nous étions dix fois plus et joue le jeu à fond. Tenue de scène identique pour les frangins Blaha aux guitares et leur cousin batteur Dave Roper. Concert de boules rasées pour lesquelles j'ai la plus grande affection. Et ça commence sans round d'observation. Jim et Mike chantent à l'unisson. La guitare baryton est parfois boostée par une pédale d'effet imitant la sonnerie d'un vieux téléphone ou d'un réveil-matin bulgare. Le batteur lève ses baguettes au ciel comme s'il essayait de taper sur des cymbales à seize mètres de hauteur. Le reste du temps, il tape comme une brute, obligeant au bout d'un moment un des deux frangins à mettre son pied puis un retour devant la grosse caisse qui cherche à fuir sous les coups. Jim, l'autre guitariste aux lunettes, nous montre tout son savoir-faire de la danse à cloche-pied quand c'est pas le pied qu'il lance en avant comme s'il tentait une figure de karaté. Manches de guitares pointés vers le plafond, la sueur commence à perler sur les cranes. Leur garage-rock est définitivement hors-normes. Chaud les cœurs et dur sur l'homme. Un maximum de morceaux s’enchaînent car The Blind Shake n'aime pas traîner en route, que ce soit sur disque ou sur scène. Les compos sont courtes avec un supplément d'intensité pendant les concerts, pas le temps de se demander de quel album était tiré ce titre encore meilleur que le précédent qui était lui-même encore meilleur que le précédent et ce jusqu'à la fin dans une sorte de crescendo fiévreux, tout juste quelques morceaux un peu plus longs sur la fin pour encore plus de psychédélisme hypnotique et des morceaux, que dis-je, des tubes de Breakfast of Failures au milieu. A peine l'occasion de reprendre son souffle et c'est déjà fini. Une grande leçon de rock'n'roll venant valider tout le bienfait de leur discographie impeccable et un concert qui te retourne la tête en toute simplicité.
Simplicité qu'on retrouve chez les trois protagonistes après le concert lors d'une discussion où on aura eu tout le loisir de leur répéter 482 fois que la prochaine fois, la première ville à cocher sur leur tournée européenne se nomme Rennes. Retour au bout du bout de la nuit avec une banane d'enfer et un manque flagrant de professionnalisme du SAV de radio Nostalgie.

SKX (20/04/2015)




©Jean-Michel Baudry
more photos