Soirée de gala ! Les activistes de K-Fuel ont décidé de fêter leur 10 ans. Rien de tape à l'œil. Pas de cotillons et de paillettes. Juste du liquide à ras bord et de la bonne humeur. Et pour ça, trois groupes qui correspondaient bien à l'esprit local. Valina sont Autrichiens et accompagnaient sur toute la tournée européenne Sicbay. Une amitié née de l'autre coté de l'Atlantique, quand Sicbay partagea avec eux la sueur et les kilomètres des longues routes poussiéreuses américaines. Trio classique. Guitare-chant, bassiste, batteur. Trois têtes calmes et posées. Triangle inamovible à l'intérieur duquel il ne se passe pas grand-chose. Le bassiste ne semble pas concerné. Tout repose sur la qualité des compos. Et à ce petit jeu là, quelques titres, comme celui figurant sur le split single spécialement conçu pour la tournée, sortent du triangle pour flotter au-dessus de la foule et afficher quelques sourires de contentement. Une tryptique post-rock, pop et noise. De bon ton. Rien à signaler.

Cheval de Frise s'étonne eux-mêmes des foules qu'ils sont capables d'attirer à Rennes. Un fait pratiquement unique en France à leurs dires (mais leur modestie est grande !). Hyper-tension. Stress du guitariste avant le show. Pour lâcher le démon intérieur une fois sur scène. Grand écart des deux mains sur le manche electro-acoustique de la guitare. Piétinement du plancher. Batterie partition, percussions et clochettes, arobase et volute des baguettes . Complexité avec un surplus d'âme. Des nouveaux titres pour surprendre. Des vieux pour secouer les sceptiques du deuxième album. Mais sur scène, toutes les périodes se confondent. Un set complet, diversifié, aéré, à l'énergie, déroutant et non-linéaire. La classe brute.

Avec Sicbay, c'est le mythe qui débarque enfin en France. Nick Sakes, c'est pas un nom qui fait soulever les foules. D'ailleurs, une bonne poignée de clampins partiront juste après le Cheval, ne dédaignant même pas écouter Sicbay! Mais chez les vieux de la vieille de K-Fuel et, heureusement, une bonne autre poignée de pauvres bougres, ce nom est synonyme de Dazzling Killmen (et à un degré moindre Colossamite), groupe culte noise-rock des années 90, à l' aura immense auprès de groupes comme Botch, Breach, Dillinger Escape Plan, Albini et des dizaines d'autres ! Pouvoir enfin lui serrer la paluche et le voir sur scène, ça méritait bien 10 ans d'attente. Un bon trentenaire simple et abordable, comme ses deux acolytes Greg Schaal (batterie) et Dave Erb (2ème guitare). Soyons clair d'entrée de jeu. Ce n'était pas le concert de l'année. Sicbay sur scène, c'est statique et ce trio ne dégage pas un charisme à tout casser. Mais entendre et voir éxécuter toute la panoplie des magnifiques compos que Sicbay a le don d'écrire suffisait à mon bonheur. Et avec quelques litres de houblon dans le sang, c'est le Graal. Le public est chaud. L'ambiance générale leur donne le grand sourire. Je ne sais pas combien de temps ils ont joué mais les rappels ont été nombreux, une bonne rangée d'iiréductibles ne voulant pas les laisser partir. Aux dires de Nick Sakes himself " le meilleur concert qu'ils aient jamais joué et meilleur concert à jamais ! ". Amen. Je ferme le rideau. Définitivement.

SKX (03/03/2004)