Qui
Samedi
08 décembre 2007
Mondo Bizarro - Rennes
Chaque premier
week-end de décembre, c'est la même rengaine, les Tran$,
festival de découvertes (hohoho) prend ses quartiers pendant trois
jours à Rennes. Une affiche encore indigeste et pas grand-chose
à se mettre sous la dent. Seul ce samedi soir à la salle
de la Cité, les hollandais de The Ex (ou plus exactement Ex Orkest)
avec Getatchew Mekuria, saxophoniste éthiopien aurait mérité
le déplacement mais à 14€ la place pour une heure de
concert et de la bière sans alcool à vingt balles, autant
prendre l'apéro ailleurs et réserver toutes ses forces pour
Dadiv Yow.
Qui se produit dans le cadre des bars en Tran$, sorte de festival off
pour cafetiers zélés, qui (non pas le groupe mais le pronom
relatif) plus est au Mondo Bizarro, un caf-conc' qui n'a jamais attendu
les Tran$ pour faire découvrir des groupes avec l'aide d'autres
associations, mais ça tout le monde s'en tape
Le timing est parfait. On a réussi à superbement éviter
le premier groupe et quand on se pointe dans la salle, Matt Cronk le guitariste
fait une annonce au micro, demandant à David Yow de se pointer,
on attend plus que toi mon gars et profites en pour descendre des bières,
tu feras pas le voyage pour rien. Pour passer des loges à la scène
du Mondo, il faut fendre la foule. David Yow - je n'avais jamais remarqué
qu'il était si petit (mais ça je ne le lui dirais jamais
en face) - le fait sans trop de problème (malgré sa taille
donc hahaha) car de foule, il n'y en a pas. Une bonne chambrée
certes mais loin du gavage complet auquel on s'attendait. C'est plutot
une bonne nouvelle pour mes glandes sudoripares et pour le confort de
mes yeux. Parce que pour être franc, je suis surtout là pour
mater David Yow. C'est qu'il me manquerait presque. (Minute nostalgie)
Je me rappelle mon périple jusqu'à Bruxelles où j'avais
pris tout ce qui roulait sur terre pour aller voir pour la première
fois de ma petite vie de fan intégral de Jesus Lizard, les quatre
de Chicago me fouttre une baffe monumentale. Ca devait être aux
alentours de 92, 93, autant dire une bonne paye mais je m'en rappelle
comme si c'était hier. Le lendemain, au Gibus à Paris, Jesus
Lizard m'en collait une deuxième, juste après avoir eu dans
l'après-midi, le plaisir de midinette d'interviewer le grand David
Yow (je n'avais jamais remarqué qu'il était aussi grand
à l'époque) dans un bar pourri de rebeu, autour d'une volée
de demis que Yow descendait allègrement (mais il n'était
pas tombé sur un ingrat, c'est pas demain qu'un amerloque va baiser
un breton).
Bref oui, David Yow et ses prestations légendaires me manquent,
accessoirement Jesus Lizard aussi, je ne suis qu'un indécrottable
vieux con et ce n'est pas la musique de Qui qui (c'est chiant c'est qui
qui) me motive à bouger. Que les choses soient claires. Leur album
Love's miracle est rangé dans un coin. Je ne sais pas si
il en ressortira un jour. Je me cale entre une rangée de têtes,
Yow bien dans le champ de vision. Bien sûr, les premiers accords
me font mentir. En concert, la musique de Qui pète autrement. La
guitare de Cronk est énorme, épaisse et grasse. Mais du
bon gras comme il existe du bon cholestérol. Tellement que ça
larsen entre chaque morceau. Les tympans souffrent atrocement. Pourquoi
vouloir régler son ampli comme si il jouait à Wembley alors
qu'il est dans une cabine téléphonique ? Assez symptomatique
d'un guitariste qui a beaucoup écouté Duane Denison (c'était
le guitariste de Jesus Lizard mon petit) et qui d'une manière générale,
aime aussi beaucoup s'entendre (voir) jouer. Le batteur frappe dur, son
casque anti-bruit bien arrimé sur les oreilles (où vouliez-vous
qu'il le mette de toute façon !) et dans les passages les plus
lents, on dirait presque du Melvins tellement c'est lourd et puissant.
Les compostions de Qui prennent donc une autre ampleur et on se surprend
à aimer ça.
Et Yow dans tout ça ? (merde je suis quand même venu que
pour lui !). Yow, on ne lui voit que la fente de ses yeux de lézard
et surtout, les cernes en-dessous. Ca crache sans arrêt, ça
essaye de se frotter à un public trop sage pour qu'il ne parte
en vrille, ça essaye de se suspendre aux rampes de lumière,
ça passe le micro au premier rang pour hurler son bonheur mais
c'est surtout à un Yow fatigué auquel on a le droit. Il
fait tout d'un coup l'âge de ses artères. Je ne sais pas
comment ça s'est passé sur le reste de la tournée
mais là, je crois qu'à Rennes, on a hérité
d'un Yow de routine. On ne peut pas être au top tous les soirs.
Un comble. Je suis venu prendre mon pied avec Yow et c'est la musique
qui assure le spectacle ! N'empêche, ça reste un moment agréable.
Le voir le corps à moitié pencher sur son micro, cette pose
comme si il allait sauvagement plonger dans le public à n'importe
quel instant, cette lueur de maniaque dans le regard, son sourire torve
et ses blagues à deux balles, je me délecte en silence.
La température du Mondo bas de plafond monte rapidement. Ce qui
fera dire à un Yow hilare it's fucking freezing here ! Température
qui personnellement aura tendance à baisser sur la fin. On a beau
avoir le gros son, la qualité inégale des compos fini par
rattrapper le set de Qui. Et ce n'est pas le morceau du rappel qui va
me faire revenir dans la partie. On a le droit à Echoes,
la reprise de Pink Floyd, encore plus pourrie que sur l'album. Voir David
Yow prendre la basse n'ajoute rien à l'intérêt. Le
guitariste en fait des tonnes. Ca dure des plombes. Une sortie en eau
de boudin pour un concert agréable mais rien d'inoubliable et où
la nostalgie a fini par se faire oublier.
Deux heures plus tard, David Yow sur le départ ne traversera plus
qu'une foule éparse de piliers de bars, le temps d'une photo-souvenir
à la con que je garde pour mes vieux jours. La nostalgie a la vie
dure. David, je t'aime (toujours).
SKX (09/12/2007)
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