One
Lick Less + Trappeur
Samedi 25 février 2012
La Bascule, Rennes
- asso KFuel
Après
un hiver à faire hiberner ses tympans, le chemin vers les salles
de concerts est retrouvé et il n'y aura pas de temps mort. Le mois
de mars s'annonce très chargé, c'est double dose de rattrapage
chaque semaine. On commence néanmoins par une certaine indulgence
pour ses ouïes avec le duo parisien One
Lick Less. Il y avait bien un Trappeur
avant, le projet solo d'un des guitaristes de 13th Hole mais je n'ai jamais
été très porté sur la chasse et la pêche.
Assistance restreinte pour cette soirée, mais plus de monde que
pour Sheik Anorak le 20 janvier dernier (tiens, je l'avais oublié
ce concert là, elle était pourtant excellente la performance
solo de Mr Gaffer records), qui avait battu hélas le record, en
plein coeur de l'hiver, de la plus petite influence d'une soirée
organisée par les toujours jeunes Kfueleux. A croire que donner
dans le français pas à la mode ne paye pas. Etrange.
Regarder s'installer One Lick Less est déjà tout un spectacle.
Singulière batterie rudimentaire. Pas de grosse caisse mais une
pédale placée sous le tom basse, une caisse claire, une
cymbale, un charley et tout un tas de baguettes, balais, ustensiles détournés
pour actionner, heurter, frictionner, effleurer cette drôle de batterie.
Pour la partie guitare, c'est du fabriqué maison. Dans la jargon,
on appelle ça double pedal steel. Deux guitares allongées
sur une planche, sans structure, sans habillage, sans rien de superflu,
des fils qui partent de partout et un guitariste assis qui s'exerce dessus
avec plectres sur les doigts et bottleneck pour en tirer des cris déchirants.
One Lick Less, un groupe à l'économie, s'installant tranquillement
mais précisément, sans faire de bruit, à tel point
que quand commence le premier morceau, on se demande si le concert a commencé
ou si ils en sont toujours aux réglages. Mais c'est bien un morceau
de leur unique album
à ce jour que je reconnais mais sans pouvoir lui mettre un nom
dessus, donnant le ton du concert, tout en souplesse et en fulgurance,
en chatoyance et en adrénaline. Le plus bel exemple de ce magnétisme,
c'est un nouveau titre qui figurera sur leur prochain album (sous format
10'' sans doute, pendant que certains vont voir le Trappeur, d'autres
vont à la pêche aux infos), celui où le batteur à
une baguette normale dans la main gauche et une maracas dans l'autre.
Une composition haletante, répétitive, à la tension
grandissante et une mélodie dramatiquement prenante. Le guitariste
empoigne de temps à autre une guitare normale, qu'il joue toujours
assis, chante également. Et je suis bien placé pour le savoir.
Juste sous l'enceinte avec un tympan gauche percé par le premier
éclat de voix bien trop forte. Le chant est moins assuré
que sur disque, va surtout et heureusement perdre de son volume et n'est
de toute façon pas l'élément moteur de la musique
quasi-instrumentale de One Lick Less. On admire la richesse du jeu du
batteur, la facilité déconcertante pour construire des courbes
invisibles avec aussi peu d'éléments, oscillant entre touché
et frappe tendue, jeu free, complexe et pourtant si lumineux.
Quelques coups de bottlenecks obsédants plus loin, le concert se
termine. One Lick Less n'a pas le répertoire pour tenir des heures,
j'en aurais bien pris encore pour deux, trois morceaux mais c'est déjà
largement suffisant pour être conquis, le groupe affichant sur scène
la même dextérité que sur disque pour vous envoûter.
SKX (01/03/2012)
photos © Perte & Fracas.
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