Neptune
- Oscar Philéas
Mercredi 14 mars 2012
La Bascule - Rennes
orga. : KFuel
C'est à
reculons mais droit dans mes bottes que je me rends au concert de Neptune.
Leur dernier album en date a un peu refroidi l'ambiance et je me dis,
nostalgiquement, qu'il vaudrait mieux rester sur les deux excellents concerts
fournis par le groupe de Boston en 2004
et 2005.
C'est moche la nostalgie.
Avant ça, comme tout bon concert qui se respecte et encore plus
chez ces braves personnes de KFuel, une première partie, locale
de préférence, apte à générer une foule
encore plus nombreuse, enthousiaste et trébuchante, prête
à se sacrifier pour la cause du DIY et une lichette de houblon,
a pris place à même le sol de La Bascule, vu que de scène,
à La Bascule, il n'y en a jamais eu. Son nom, Oscar Philéas,
seul avec sa guitare, son chant et quelques menues bricoles. Et pour Oscar
Philéas, je suis là. Mais sur le trottoir. Par un excès
de pudeur et une timidité soudaine qui ne me ressemble pas, je
préfère passer mon tour et vous laisser tâter l'ambiance
par vous-même sur son site
si votre curiosité est à ce point. Je vous aurais prévenu.
Neptune donc.
La première surprise en arrivant est d'apprendre que Neptune a
déjà un nouvel album sous le coude, le dénommé
et mystérieux msg rcvd. Et que les balances sonnaient de
feu de Dieu. Un net regain d'intérêt m'assaille et je rentre
dans la bataille. Comme d'habitude, un concert de Neptune, c'est d'abord
une histoire d'instruments non répertoriés, la foire-fouille
du métallurgiste, MacGyver pour les nuls. Une guitare qui était
déjà là
en 2005. Une autre en ferraille avec seulement le contour, sans le corps,
totalement vide et qui sonne d'enfer tout comme son look. Un synthé
en bois, un autre synthé, faute de trouver un terme plus approprié,
avec des pistons. Même la batterie n'est pas conventionnée
à l'Amicale des Musiciens. La grosse caisse est épaisse
comme une guitare, tout est transparent et une table avec plein de boutons
qui font schrink et pziiiii trône sur sa droite. Jason Sanford,
membre fondateur du groupe et bricoleur de génie, a également
devant lui deux ronds métalliques percussifs dont les sonorités
sont carrément bluffantes et un table avec plein de pédales
et de fils dans tous les sens. Mais devant cette pauvreté descriptive,
le mieux est de jeter un il sur les photos sur la droite et en dessous.
De l'époque 2004/2005, Mark Pearson est le seul survivant d'une
formation ayant connu jusqu'à sept line-up différents. Un
nouveau batteur (Kevin Micka) et l'usinage Neptune peut débuter.
Mike Pearson s'agite derrière son petit synthé en bois,
tranchant avec la froideur d'une musique austère, danse (coupé)
décalé sur ressort alors que Sanford, armé de sa
guitare sans matière, fixe le public droit dans les yeux en répétant
en boucle les mêmes paroles. Les doutes se dissipent, ça
ne sera pas Silent
Partner en version live. Ca ne sera pas non plus les performances
de l'époque de Intimate
Lightning. Un entre-deux, naviguant entre l'aridité électronique,
bidouilles bruitistes et déflagrations salvatrices, entre abstraction
frôlant l'ennui et passages rock et puissamment rythmiques. Le meilleur
exemple sont les deux, trois longs morceaux du set où Neptune nous
fait la totale. Rythmique répétitive, mantra electro minimaliste
dans lequel il est facile de rentrer avant de peu à peu céder
du terrain face à cette même insistance à faire tourner
en boucle et en bourrique. Et c'est au moment où vous pensez craquer
(traduction : aller chercher une bière) que cette répétition
abusive prend corps, que le morceau prend tout son sens et que l'adrénaline
finit par exploser. Le quasi silence fulmine, les vitres de La Bascule
vibrent, le batteur se déchaîne et Neptune nous a par KO
et par surprise. Pearson abandonne son drôle de synthé pour
sa guitare verte, prend le devant de la scène, donnant de l'humanité
au concert de Neptune. Sanford effleure, gratte, tapote ses deux percussions
électrifiées, tourne quelques boutons et Neptune, malgré
quelques moments de flottement, emporte l'adhésion avec ce nouveau
show d'un groupe en recherche perpétuelle.
SKX (22/03/2012)
photos © Perte & Fracas.
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