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Lisabö,
Peter Kernel, Mermonte, My Sleeping Doll Jeudi 5 avril 2012 Le Jardin Moderne - Rennes L'asso KFuel nous avait fait le coup avec leurs quinze ans et demi en mars 2010 avec des concerts à L'Antipode (Zero, Moller-Plesset, The Cesarians et d'autres que ma mémoire a sélectionné). Ils remettent ça pour les quinze ans tout court, non pas de l'asso, à moins de vouloir remonter le temps et retrouver leur jeunesse à cette asso de vieux, mais de Kerozene, l'émission de radio de KFuel sévissant sur les ondes de Canal B tous les jeudis soirs de 21h30 à 23h. Bordel, 15 ans déjà ! Par contre,
le café culturel (cafécul pour les intimes) du Jardin Moderne
s'est refait une jeunesse. Mouvement du bar vers le fond, rendant la salle
plus grande et dans laquelle a été installée la scène
où aura lieu trois des quatre concerts de la soirée. Soirée
commençant dès 19h par le vernissage de l'expo de Badame
L'Ambasadrice. Petits fours et coups à l'oeil. Badame L'Ambasadrice
sait recevoir. C'est donc confiant dans un avenir plein de promesses et de décibels que je me dirige vers My Sleeping Doll. Une rennaise qui débute dans le milieu (ça doit être son deuxième concert), seule avec sa guitare électrique, sa mini-jupe et déjà beaucoup de monde. Les bienfaits de la gratuité sans doute. Mais à peine le temps d'entendre cette très belle voix que le devoir m'appelle. L'émission de Kerozene continue, en mode enregistré et différé. En qualité d'ancien combattant de l'émission, je suis appelé pour narrer quelques vieux souvenirs. Mais comme j'ai très mauvaise mémoire et qu'en plus, j'en ai rien à foutre, on en profite pour écouter la fin de l'interview de Julien Fernandez qui a été appelé au micro et raconter quelques conneries d'une haute spiritualité. Vous pourrez entendre le podcast de ce grand moment de radio sur le site de KFuel, un jour peut-être, si leur courage et leur taux d'alcoolémie le permettent. Retour dans la salle où Peter Kernel se prépare. Première remarque : le batteur a changé. A moins qu'il ait coupé ses dreadlocks, perdu ses cheveux, gagné des lunettes, diminué en taille et épaissit en largeur. On voit de ces trucs de nos jours hein ! Le couple guitare-basse-chant reste identique. Deuxième remarque : l'effet d'un concert de Peter Kernel me fait la même impression que sur disque. Le début du concert est rafraîchissant, pétillant, le couple est d'une humeur joyeuse et taquine, les tubes s'enchaînent, le batteur frappe comme un poulet mais tout va bien. Et puis d'un coup comme une lassitude, le fond d'un verre vide devenant une excuse pour s'éclipser vers le bar. Un endroit finalement suffisant pour discuter avec une musique agréable derrière, regarder de loin la foule tout sourire s'amuser sur Peter Kernel, mais qui, décidemment, me fait toujours lâcher prise à la moitié. Changement de salle pour Mermonte, nouveau projet rennais initié par Ghislain Fracapane (Fago Sepia, Heliport) et épaulé par neuf autres musiciens. Un groupe en résidence depuis une semaine au Jardin Moderne et qui a donc laissé toute son importante installation sur la scène/salle principale du Jardin pour le concert de ce soir. Multiples écrans diffusant des vidéos doucement nostalgiques et naïves de vacances à la mer. Dix musiciens avec guitares, basse, violoncelle, glockenspiel, chant en pagaille et deux batteries qui feront beaucoup moins de bruit que celles du groupe suivant. Car tout cet imposant attirail n'a pas la puissance comme cheval de bataille. Domaine de la pop orchestrale, de la légèreté, des mélodies aériennes, d'une certaine nervosité pour mener à bien ces longues échappées mais aussi de beaucoup trop de bonté, de candeur et de raffinement pour mes oreilles. En plus, quand Mermonte, c'est marée basse dans mon verre. Devant cette incohérence de la nature, je m'éclipse une deuxième fois. Pour mieux réapparaître dans le cafécul, au tout premier rang et en prendre plein la tronche avec les basques de Lisabö. Là aussi, ya de la double batterie et c'est autrement plus explosif. D'ailleurs, tout est en double chez Lisabö. La basse, la guitare et le chant (assuré par les deux guitaristes), parfaitement et diamétralement opposé. L'étrange sensation de voir deux groupes, comme si un miroir coupait la scène en deux. Et Lisabö profite bien de ses six membres pour amener le volume sonore vers d'autres cieux. D'ailleurs, quand je me retourne au bout d'un quart d'heure, le groupe a fait le vide. Plus de la moitié du public a disparu. Mais c'est juste devant les amplis qu'il faut se tenir, être en fusion avec cette noise volcanique, sentir la chaleur des guitares, voir les deux guitaristes rentrer de plus en plus dans leur monde torturé, s'exciter, hurler dans un truc qui fait l'effet d'un mégaphone, serré le dents, hurler de plus belle à l'instar d'un des deux bassistes cassant son bassin en deux sous les convulsions, d'un des deux batteurs cognant comme si il avait un franquiste à la place de la caisse claire et d'une certaine frange du public totalement conquis à la cause des basques. Un magnifique jet de marinière sur la grosse caisse plus loin, l'intensité et la force de Lisabö marchent à plein régime, l'adrénaline monte d'un cran à chaque morceau que Lisabö aime long, poignant et furieux, avec juste ce qu'il faut d'accalmie et de contrastes pour mettre en relief la violence du propos. Bref, ce qu'on appelle modestement, une bien belle branlée. SKX (26/04/2012) |