Kill The Thrill + Binaire
9 février 2006 - Mondo Bizarro - Rennes
orga : K-Fuel

Binaire est…euh comment dire… binaire ! Deux éléments liés à Kill the Thrill par une ville, Marseille, même si leurs origines sont stéphanoises. Deux éléments surtout liés par un micro. Un pied de micro dédoublé. Face à face torride. Une guitare chacun pour un duel arbitré par une boite à rythme. Réminiscences Big Black. Guitares acérées. Noise dans la grande tradition. Mais Binaire ne signifie pas qu'une dualité. Binaire au sens punk. Direct. Les riffs restent simples. Les hurlements primaires. Le rythme efficace avant tout. L'énergie et la conviction des deux se chargent de faire décoller des morceaux manquant d'ampleur. Les visages se crispent. Les corps se plient. Lumière rouge et sobre. Un set carré pour un groupe en devenir. Changement de plateau des plus rapides. Binaire a joué devant la scène. Au plus près du public qui ne s'est pas déplacé en masse. Kill The Thrill monte d'un cran. Changement de boite à rythme, qui, on dira ce qu'on voudra, est drôlement plus concis qu'un changement de batterie !! Trois entités face au public, la bassiste au milieu, sur un même rang, de front, comme une idée du mur que l'on va se prendre pendant une heure et demie. Le groupe fait corps avec sa musique, la vit intérieurement, intensément, fermant les yeux régulièrement. Ne comptez pas sur eux pour sauter dans tous les sens. Pas le genre de la maison. Kill The Thrill, c'est tout en introspection. Ce truc qui vous prend aux tripes, qui bouillonne, qui vous emmène loin et qui agitent de soubresauts le premier rang d'un public tout acquis à leur cause. Un mur plein de lézardes qui vous happe, vous laisse entrer, communicatif. Kill The Thrill aligne les morceaux du dernier album, puise dans les anciens, ne joue pas Soave à mon grand désespoir et encore moins I hate this world. Pour ce dernier, c'est plus compréhensible puisque écrit il y a 15 ans pour la compilation Serial Killer à l'initiative de Roadrunner records en 1993. Quel putain de titre pourtant ! Mais Soave quand même, Marilyn ! Cela aurait une sacré gueule sur scène, j'en suis persuadé, tout aussi difficile qu'il est à chanter, un morceau avec un tel charisme, c'est un monument à inscrire obligatoirement à son répertoire, le clou du spectacle, merde quoi !... Nicolas Dick, guitariste chanteur, très pragmatique, zappe les applaudissements pour le rappel à la fin du concert, ça fait gagner du temps et il est déjà tard donc autant enchaîner tout de suite mais merci quand même. Les Marseillais, malgré toute l'intensité et la gravité de leurs morceaux gardent du recul et un certain humour. Se moque de leur boite à rythme et de ces faux départs, toute cette partie play-back comme ils en rigolent où rythmes et nappes bruitistes secondent leur terrible trilogie guitare-basse-guitare qui cognent et résonnent encore longtemps après que toutes les lumières se soient éteintes. Kill The Thrill, des années que je ne les avais pas vu mais c'est toujours aussi énorme.

SKX (14/02/2006)