Gnu - Lyssa
Festival Moo
Vendredi 23 mars 2007
Mondo Bizarro - Rennes

Le Gnu ne se déplaçant qu'épisodiquement et rarement, il ne fallait pas rater sa transhumance de mars. Le festival franco-tchèque Moo, délocalisé depuis l'année dernière de Paris à Rennes pour respirer le bon air breton, a eu la bonne idée de les inviter pour la deuxième fois en deux ans, amenant dans leurs bagages leurs compatriotes tchèques de Lyssa. Difficile de ne pas remarquer Adam Nenadal, l'impressionnant chanteur-bassiste de Gnu et tête pensante de Silver Rocket records une fois les portes du Mondo franchies. Deux mètres de chairs et d'os avec les kilos qui vont avec et auxquels ils font désormais rajouter le poids d'une barbe épaisse. J'ai cru qu'il allait me broyer.
Après une bavette taillée près de la table de distro, Petr, l'autre tête pensante de Silver Rocket, et ses deux acolytes entament les hostilités. Lyssa, un trio rock-noise dans la plus pure tradition du style. Ca joue à burnes et elles sont énormes. Leurs maîtres à pensées ne se situent pas loin d'Unsane et quand le guitariste-chanteur appuie sur ses pédales, les dos ont tendance à se voûter. Ca ne moufte pas dans la salle. C'est efficace, droit, cogneur et à défaut de génie, assèche le gosier et chauffe les muscles comme il faut.
Le premier album en 1999 de Gnu frappait lui aussi à la porte de la grande tradition du bruit made in Amphetamine Reptile, taille patron. En 2002, le Gnu s'était assagi le temps d'un second album sentant bon le grand air des steppes.
2007, toujours aucun signe discographique nouveau (quand je vous disais que le Gnu se faisait rare). Les choses ont encore bien évolué. Un concert avec que du nouveaux morceaux (ou presque, dans la mêlée, j'ai pas tout bien noté) et le steppes sont désormais traversées à brides abattues. Deux basses, une batterie et une guitare qui ont décidé de faire entendre leurs voix (désolé j'écris ça le lendemain des élections) avec des titres réduisant largement leur durée.
C'est punk dans l'esprit, rageur, ne donnant pas dans le détail. Adam, malgré une cheville dans le sac mais j'ai du mal à le croire, remue ses deux mètres énergiquement, plie les jambes pour ne pas heurter le plafond bas de la scène du Mondo. Et quand vous savez en plus que les trois autres membres du groupe sont aussi de beaux bébés, ça vous donne définitivement un concert de poids.

Le prochain disque (enregistrement prévu cet été) risque d'être violent. Gnu n'a pas fait le déplacement pour rien et il valait mieux. Marquer les esprits, genre horde sauvage à l'assaut de l'occident. Les Tchèques reprennent la route aussitôt pour un concert quelquepart en Allemagne le lendemain après un concert à Metz la veille et retour dans leur Prague natal. Au tennis, ça s'appelle faire l'essuie-glace. Dans le rock, ça s'appelle être sérieusement motivé.


SKX (23/04/2007)