Berline0.33
+ Drive With A Dead Girl
Samedi 23 février
La Bascule, Rennes
- asso KFuel
Temps Gris.
Froid polaire. Deux groupes du nord. La soirée s'annonce parfaite.
La doublette lilloise Berline0.33 et Drive With A Dead Girl achève
sa tournée française de six dates par Rennes, après
un long périple depuis Pau, la veille. Le public est comme la météo,
frileux. L'assistance, en ce samedi soir, est modeste. Du coup, quand
les trois musiciens (deux guitaristes + batteur) de Drive With A Dead
Girl enfilent leurs instruments, on ne sait pas si ce sont les balances
ou si le concert a vraiment débuté. Les réglages
s'éternisent, le maigre public finit par se rapprocher, la chanteuse
Alexia fait son entrée, la question ne se pose plus et Drive Like
A Dead Girl peut réchauffer l'ambiance. Ce qui n'est pas gagné
d'avance, malgré le superbe bonnet du batteur. Comme sur disque,
la musique tour à tour noisy, vaporeuse et froide ne se laisse
pas apprivoiser facilement. Moments fragiles et incertains soulignés
par la présence de la chanteuse. Là sans être là,
attitude d'autiste et habitée par la musique, voix noyée
par le delay, elle a quelquechose de magnétique finissant par capter
toute l'attention.
Drive With A Dead Girl, c'est aussi un groupe amenant 12 guitares (chiffre
véridique) en tournée et 38000 pédales d'effets (chiffre
moins véridique mais les rack devant les deux gratteux sont impressionnants)
et quand un des deux guitaristes met particulièrement en branle
l'une de ses pédales, le déluge aigue perce les tympans.
Pas le genre douillet de la feuille de choux pourtant mais là,
c'était limite. On peut surtout s'interroger sur la présence
d'autant de pédales car Drive With A Dead Girl, c'est pas Helios
Creed non plus. Les compos font la part belle au silence, aux arpèges
mélodiques, aspect décharné, atmosphère étrange,
bancal, relecture très personnelle de Sonic Youth et concert au
final aussi singulier et attirant que leurs albums chancelants.
Planned
Obsolescence hante toujours la platine. Il me tardait de les voir
enfin en concert les Berline0.33. L'attente valait bien de se geler les
extrémités. Car non seulement se prendre de face des morceaux
d'anthologie comme To The Core, Socialite ou le final Angst
réchauffent n'importe quelle banquise - le bassiste enlevant son
t-shirt au bout du troisième morceau ne dira pas la contraire -
mais Berline0.33 nous a gratifié d'une poignée de nouveaux
morceaux annonçant le meilleur à venir. La triplette These
Words, Holy Goose et Castle (merci Guillaume pour la
playlist), c'est du Berline0.33 mais avec quelquechose de différent
rimant avec excellent et dans les dents. Et j'étais tout sourire.
Surtout quand ça enchaîne avec To The Core.
Présence électrique de la chanteuse, gestuelle calculée,
bassiste qui ne fait qu'un avec quatre cordes redoutables d'efficacité
et de groove pervers, sobriété et précision du batteur
et du guitariste, les compos de Berline0.33, anciennes et nouvelles, sont,
sur scène, plus âpres et encore plus percutantes, et sales
aussi. Deux, trois inédits plus loin, un Angst méritant
bien son nom et quelques négociations avec le patron pour prolonger
le plaisir, une partie de Drive With A Dead Girl les rejoint sur scène
pour une reprise de I Dreamed I Dream de Sonic Youth. Le guitariste
de Berline0.33 passe à la batterie, les deux chants féminins
s'entremêlent, les larsens et les grésillements rendent hommage
aux aînés, le nombre de guitares passe à onze, le
choix du t-shirt n'est pas évident et le début de nuit beaucoup
plus chaud que le début de soirée.
SKX (02/03/2013)
|
|
|