Spécial
Wormer :
Zowiso - Svätsox - Grrr - Alerta |
Wormer, ce
n'est pas le nom d'un groupe mais d'une bourgade hollandaise située
à une bonne dizaine de kilomètres au nord-ouest d'Amsterdam.
Une région de polders où seul un groupe a surnagé
à l'épreuve du temps, The Ex. Mais il ne va pas être
question du plus célèbre rejeton de cette scène.
Car si Wormer ne désigne pas un groupe, cette ville va néanmoins
servir à désigner une scène dont les racines sont
le punk et l'esprit do-it-yourself pur et dur. On est au tout début
des années 80 et on ne rigole pas avec ça. A sa plus belle
époque, cette scène comportait une quinzaine de groupe,
jouant tous à peu près le même style de musique basique,
angulaire, chargé de slogans et plus ou moins influencé
par Gang of Four et The Fall.
Si l'histoire a bien fait d'oublier la plupart de ces groupes en herbe,
certains méritent franchement que l'on s'y attarde comme Zowiso,
Svätsox ou encore les énigmatiques Grrr.
Pour
mieux cerner ces groupes et l'esprit de Wormer, commençons par
des compilations car en plus de rimer, cela a le mérite de faire
le tour du propriétaire au pas de charge. Et de propriétaire
justement, il en ait fortement question dans le flexi disque Villa
Zuid moet blijven ! (La Villa Zuid doit subsister) réalisé
en 1981. La Villa Zuid était le nom de la maison du patron de l'usine
à papier à Wormer, la fameuse maison où a été
enregistré l'album de The Ex Dignity of Labour. Une maison squattée
dans les grandes largeurs par toute une bande de petits punks et qui a
eu pour rapide conséquence d'apeurer la population locale. Alors
pour prouver que punk et squatteur n'ont rien à voir avec l'image
véhiculée par les médias, trois groupes (The Ex,
Svätsox et De Groeten) s'associent pour réaliser un 45 tours
flexi. Un format tout mou mais qui explique tout, le pourquoi et le comment
de leur démarche :
G.W.
Sok (chanteur de The Ex): Il y avait des idées très
bizarres qui circulaient sur les occupants de cette maison et sur
le fait de squatter. Du genre "Si on ose partir une semaine en
vacances, la maison sera squattée quand on revient.'' On ne
voit pas qu'on vit aussi tout bêtement dans un bâtiment.
Qu'on le rénove, qu'on l'entretient. Que les gens y aménagent
leur chambre. Et surtout que les gens vivent ensemble. Qu'il y a toute
une vie sociale si ça se passe bien. Et donc avec trois de
ces petits groupes, on a fait un flexi disc "Villa Zuid moet
blijven" où on expliquait qui on était, ce qu'on
faisait là et pourquoi. La commune voulait raser le bâtiment
alors qu'il est superbe. Ça aurait été débile
de raser ça.
Au début, on n'avait pas vraiment de voisins. La maison était
sur le terrain de l'usine et il n'y avait que quatre ou cinq maisons
un peu plus loin. Mais les gens voyaient bien qu'on menait une vie
sociale à peu près "normale". Il a fallu un
peu "lobbyer" dans la commune pour sauver la maison... Expliquer
le pourquoi et le comment. Alors les gens ont eu un peu un autre regard
sur la chose et ils se mettaient à y réfléchir
et on a eu beaucoup plus de réactions positives que négatives.
(interview Bardaf ! n°3, 1993). |
La
deuxième compilation est plus consistante. Oorwormer,
un 33 tours regroupant 12 groupes, deux morceaux chacun (Het Gan Van Wormerecords,
1982). Sur le verso de la pochette et le livret intérieur, on peut
lire la profession de foi suivante qui donne à peu près
ceci une fois le hollandais décodé : enregistré
à la maison entre le 28 janvier et le 1er février 1982,
par les propres moyens de groupes qui au lieu de se concurrencer, s'unissent
et montrent qu'il est possible de sortir un disque sans managers et en
dehors du marché du disque habituel.
Au générique, un tas de groupes inconnus, ultimes témoignages
de formations qui n'ont jamais laissé d'autres traces (ou si peu)
: Hangdogs, Asbest, B-Social, Nv Le Anderen, Index, Red Orchestra, Atims,
Verz Ed, Zwembaden. Que du nom qui sent bon l'oubli. Mais aussi Zowiso,
Svätsox, Grrr et forcément, The Ex. Question qualité
musicale, on repassera. Tout l'amateurisme punk dans sa grande splendeur.
Touches moi ça, c'est du binaire. Chaque parole est scandée
comme une revendication. Chaque groupe est un fier représentant
de l'adage punk : pas besoin de savoir jouer d'un instrument pour monter
un groupe. A se le copier mille fois. Cette période est surtout
un véritablement vivier de talents en devenir, d'armes à
affûter, d'expériences à tenter et le point de départ
de quelques belles ruades jouissives.
ZOWISO
Parmi celles-ci,
Zowiso. Des punks en culottes courtes. A la sortie de leur premier album
en 1982, le plus vieux a 19 ans. C'est John Hollander, le chanteur. Les
trois autres ont 16 ans (Eric Bakker, guitare et Aad Holland, batterie)
et 17 pour le bassiste Rick Veken !
Leur album At Jogtrot to Death souffre des mêmes qualités
que Disturbing domestic peace de The Ex. A savoir enregistrer un
premier album seulement six mois après avoir touché un instrument
pour la première fois de sa vie. Ou un truc dans le genre. C'est
primaire, on les imagine tirer la langue en même temps qu'ils s'appliquent
à jouer leurs maigres notes et dans ce cas là, pour être
sympa, on dit que c'est touchant et spontané. Et surtout très
réducteur. Car c'est bien connu, quand on n'a pas la technique,
on a les idées. Et une belle rage chevillée au corps pour
faire passer la pilule du débutant. 21 morceaux basiquement punks,
enregistrement brut de décoffrage, rugueux, certainement dans des
conditions live, avec pour débuter, Dioxine et son riff The Exien,
à moins que ce soit le contraire. On imagine aisément ces
groupes squattant tous ensemble s'inspirer mutuellement. On retrouve également
la manière de scander les paroles à la GW Sok sur les tous
les sujets qui fâchent : Reagan, l'inspiration et le souffre-douleur
préféré des punks à l'orée des 80's,
les fachos en Amérique du Sud (Argentina), le grand capitalisme
à tête de cochon, bref tout le parfait catalogue du punk
concerné.
Saxophone sur Profits Race pour un ska bancal ou sur le foutoir
Kreuzberg, une valse de canard boiteux sur Driekwarts Maat.
Exécution déglinguée, rythmes et transitions mal
assurés mais qui n'empêchent pas de bons morceaux comme Cold
war system, Big pig trick, Soft Johnny blue ou 2000
years. Pour être complet et pour l'anecdote, un single est inclus
dans le LP. Deux morceaux enregistrés à Zurich à
la Roten Fabrik pendant l'été 1982. Une reprise de Hey
Joe (Hé Joop en batave) de Hendrix tellement consciencieusement
massacré que ça en devient franchement marrant et sur l'autre
face, un Telegraf News envoyé en mode hyper express d'au
moins
allez quatre secondes !
En tout cas, Zowiso pose les jalons d'un futur qui va rapidement s'avérer
d'une autre trempe.
Une fois
ce bon tour de chauffe, nos quatre jeunes keupons en herbe passent la
vitesse supérieure. Les 8 et 9 janvier 1983, ils enregistrent cinq
nouveaux morceaux pour Sloop de Stoperaun, un split album
avec leurs compatriotes de Zwembaden. Les progrès sont conséquents.
Comme pour l'album précédent, c'est avec Dolf aux manettes
(du groupe hollandais Door Mekaar et qui est maintes fois crédité
pour les enregistrements de The Ex) mais il faut croire qu'il progresse
comme Zowiso et le rendu n'a plus rien à voir avec un groupe de
collège se préparant pour la fête de la musique sur
la place du marché. De l'ampleur, de l'épaisseur, du grain,
une guitare qui écorche, la rythmique remplissant parfaitement
l'espace. Zowiso a changé de division. Et surtout, les compos ne
cavalent plus sur ce mode binaire qui ne va qu'un temps. A peine 20 ans
et Zowiso déjà de comprendre que la colère n'est
pas une histoire de gros bras et de nombre de coups de baguette à
la minute sur la caisse claire. En maîtrisant ses instruments, Zowiso
maîtrise aussi ses émotions, les dilue dans des structures
plus complexes ou rarement l'explosion devient frontale. Excepté
dans le chant de John Hollander dont la ressemblance persistante avec
GW Sok, dans le timbre et la façon de placer sa voix, est troublante,
retranscrivant à merveille la tension qui habite ses jeunes esprits
engagés comme sur le vindicatif Rape the Justice.
Zowiso préfère explorer le mid-tempo, partir dans de sombres
ballades pleine de sourde rage (le très beau Human Furniture
ou Testtube Treat), gardant son fiel et ses accélérations
pour Tatcher, l'autre grand souffre-douleur des punks de l'époque,
sur Welcome Back et la guerre des Malouines ou le morceau à
plusieurs vitesse Stopera. Zowiso a pris une nouvelle dimension
mais le meilleur reste à venir.
On retourne la galette pour Zwenbaden. Plus exactement, on note l'erreur
des labels centraux et l'inversion lors du pressage. Pour écouter
Zwenbaden, il faut aller sur la face Zowiso et inversement. Tout en sachant
que ce coté ci du disque sera beaucoup moins usé que l'autre.
Après un Carmina Burina de 38 secondes servi en apéro, les
quatre de Zwenbaden concocte une mixture étrange de post-punk new-waveux
ludique, bricolé maison et branlant. Ca joue sans vraiment y toucher
et si on peut leur accorder le mérite de n'évoquer rien
de précis et de chercher leur propre voie en cette période
riche d'expériences en tout genre, on peut aussi affirmer qu'ils
ne l'ont jamais trouvé non plus. Anecdotiquement sympa.
Le meilleur à venir, c'est un single trois titres enregistrés
les 9 et 10 juillet 1983. Là encore, une vitesse supérieure
est passée et ce n'est pas qu'une histoire de rotation croissante
comme le suggère le titre de leurs 45 tours Beat per minute.
Ce single est tout simplement énorme, le meilleur disque de leur
(succincte) discographie. Trois compos incendiaires. Face A, un Blacks'
Prison tribal, congas de sortie, évident, comme les paroles
qui n'en font pas des tonnes sur le racisme. Zowiso droit au but, sauvage,
en liaison direct avec l'Afrique, bien des années avant que The
Ex ne mettent les pieds en Ethiopie. On tourne ce bout de vinyl plus noir
que jamais pour F.A.O Show (pour Food and Agricultural Organization
?) tout en colère au bord des lèvres et une guitare fiévreuse,
suivi de Mailbox, autre morceau de bravoure et cette voix, toujours
cette voix, qui prend aux tripes, l'envie (sans lendemain) de prendre
les armes du fin fond de sa banlieue blanche. On est bien loin des tâtonnements
de At Jogtrot to Death. L'écriture est concise, inventive et ils
torchent en trois minutes de vrais et intenses brûlots post-punk.
Ils reviennent en 1985 pour leur deuxième album et dernier disque
de leur courte vie. The Lust a été enregistré
en avril 1985 à Amsterdam, toujours avec le fidèle Dolf
et le son est plus clinquant que jamais. Batterie percutante et basse
ronde en avant, on ressent le poids des années 80 dans les sonorités
mais rien de gênant car Zowiso a l'art de dynamiter tout ça.
Là encore, on peut apprécier tout le chemin parcouru en
un temps record, depuis leurs débuts de petits punks de Wormer
à quelquechose de plus professionnel, sans que cela soit péjoratif,
dans aucun des cas, juste le constat d'une évolution rapide et
étonnante de maîtrise pour des mecs d'à peine vingt
ans.
On retrouve la verve du single précédent avec des morceaux
incisifs comme Bruises ou New Present day offers, des abstractions
attirantes comme The Happy End et son piano décousu et des
morceaux plus mélodiques avec The Gift ou The Truth lies
midway. Une face en tournant en 45 tours, l'autre en 33 de rotation
et trois balles pour tout le monde devant le peloton d'exécution
d'un album brillant qui signe la fin de Zowiso.
Un titre de plus (le déglingué Gimp qui n'a pas grand-chose
à voir avec leur répertoire habituel) pour la compilation
Emma en soutien à une salle de concert du même nom
(aux cotés de Sonic Youth, The Ex, The Membranes et un tas d'inconnus),
sept de plus en live pour la compilation Support the miner's strike
en 1985 sur Records against Thaatchism (avec The Ex et Morzelpronk
+ Nico, un projet du fameux Dolf), héritage ultime d'un groupe
que vous n'avez aucune raison de bouder si vous aimez le The Ex première
période.
Après Zowiso, les membres disparaissent dans la nature. Deux s'établissent
en Suisse dont le batteur qui donne dans le blues et le Trio
from Hell (on ne devrait jamais se demander ce que deviennent les
punks) et vous pourrez même les avoir pour votre anniversaire,
tout en ayant le loisir de mesurer le poids des années.
SVÄTSOX
Pioneer avec
The Ex du Wormer sound et de l'endroit, Svätsox est un poil plus
connu que Zowiso puisque que le chanteur-guitariste n'est autre que Ferry
Heyne, le futur leader de De Kift.
En 1981, soit la même année que le flexi Villa Zuid
moet blijven !, Svätsox réalise son premier 45 tours,
Empty Covers, quatre titres sur Wand records. La constatation
est identique aux débuts de The Ex et Zowiso. C'est primaire et
foncièrement punk mais on sent déjà dans la guitare
suffisamment de déviances pour se dire qu'on tient là un
groupe punk pas très carré et prêt à sortir
des sentiers battus. Le rythme est scolaire, bancal mais les rifs ne manquent
pas d'idées et les quatre titres (Empty Covers, Revenge, Probot
et surtout Vote) ne manquent pas de charme. Le gros point faible
reste le chant de Heyne, sans relief et aboyant des paroles sur la baisse
de moral des SDF, les sportifs qui font gagner leurs gouvernements, comment
ces derniers vous arnaquent pour mieux voter pour eux, un cocu qui bute
sa femme,bref, le morne quotidien sur fond de ritournelles punks. A l'arrière
de la pochette, la mention Betaal niet meer dan FL. 4.50, bien
avant le don't pay no more than de Dischord. Un disque que vous
ne trouverez jamais à ce prix là à l'heure actuelle,
tout comme les deux albums qui suivent.
Ruins sort en 1982 sur Platen records. Dolf Planteydt a
pris un abonnement derrière la console d'enregistrement et Svätsox,
à l'instar de leurs potes de Wormer, apprend vite et bien. La basse
a pris du galon, le son s'épaissit et les compos de l'ampleur.
Ferrie (ou Ferry, c'est pareil) a ajouté une trompette à
sa panoplie sur deux morceaux, donnant à ses hymnes punks des airs
que Dog Faced Hermans aura sûrement entendu. Un quatrième
membre (Roon) a également été ajouté au générique,
donnant un coup de main à Heyne pour le chant et se chargeant des
parties d'organ qu'il a discret (!).
Ligne de basse angulaire, noise, jeux de gratte écorchant, sous-couche
noisy, c'est du Aural Guerilla avant l'heure. Légère
reverb sur la batterie comme il était fréquent à
l'époque mais sans donner pour autant ce son typique new-wave.
Ruins est un grand album. Des titres revêches,menaçants,
éclatés comme le grandiose Hitsquad, la guitare et
son écho sur Tension, la longue montée contrôlée
de The Cartridge case. Le punk binaire est achevé sur le
bord de route et on se prend de plein fouet un camion de noise-punk assez
avant-gardiste quand on y repense. On n'est qu'en 1982 et sur les traces
de Gang of Four, peu de groupes peuvent se vanter d'avoir cette approche,
ce son et cette qualité d'écriture.
1984, Svätsox réalise son deuxième et dernier album,
Bred in the bone, out in the flesh sur le label maison
Villa Zuit Moet Bluven records. Autant Ruins ne fait pas daté
et tient debout tout seul bien des années plus tard, autant cet
album a mal vieilli. L'incontournable Dolf est pourtant toujours derrières
les manettes mais le groupe a semble-t-il été trop influencé
par son époque, sa new-wave, ses gothiques et on pourrait presque
pousser à un chouïa de rock héroïque. Oui je sais,
ça fait mal. Le reverb sur la batterie ne se cache plus. La basse
a perdu de son mordant. Le chant se perd dans des échos morbides.
C'est pas le jour et la nuit, la musique de Svätsox garde son approche
noisy, tout comme sa trompette, on sent que les compos sont là,
ne demandent qu'à vivre mais après Ruins, on tombe
de haut.
Quelques passages de bravoures tout de même comme les neuf minutes
de Villa-rid-rap, espagnolade bordélique qui vire à
la débandade anarchique ou Killtime slowly et leurs trois
invités (Swami Bami, Swami Salami et Swami De Boer) pour des sonorités
orientales qui nous changent des corbeaux et des coupes de cheveux en
brosse. Et c'est à peu près tout.
Svätsox arrête les frais cette année là. Vous
pouvez trouver sur Internet des démos au nombre de 15 datant de
1981 si le coeur vous dit et qu'il est bien accroché et même
voir un concert de Svätsox unplugged
avant que Ferry Heyne ne fonde De Kift. Et apprenne à chanter.
Grrr
De toute
la famille des groupes de Wormer, Grrr, au-delà de son patronyme
qui n'incite pas à la discussion, est certainement le plus méconnu
des méconnus. Et ne comptez pas sur le présent article pour
éclairer votre lanterne. Grrr est un secret bien gardé et
le restera à jamais. A peine sait-on que la bassiste Jacco Butter
officiera sur Yverzucht, le premier album de De kift. Pour le reste,
c'est le néant total.
Un album self-titled, sortie sous le manteau en 1983 par
leurs propres moyens qu'ils avaient limités. L'incontournable Dolf
est aux manettes et de tous les albums qui sont passés entre ses
mains d'Albini hollandais, celui de Grrr est sûrement le plus saisissant.
C'est du Aural Guerilla (encore une fois) cinq ans en avance. C'est
un météorite débarquée de nul part qui vous
pète à la tronche. D'ailleurs, The Ex, il en est question
pratiquement sur chaque morceau. Dans le rythme, dans les riffs. Confondant
à un point que quand arrive le dernier morceau Fools Talk,
vous vous dites que là, c'est pas possible, The Ex l'a certainement
repris bien des années plus tard. Mais j'ai beau eu retourner toute
la discographie de The Ex - et ça prend du temps, même en
accéléré - impossible de retrouver ce putain de morceau.
Ce titre restera présent dans le player de Perte & Fracas jusqu'au
jour béni où quelqu'un apportera une réponse satisfaisante.
Qu'on se le dise, c'est une histoire d'hygiène mentale. Merci d'avance.
Alors oui, cet album fait très The Ex mais qu'on ne se trompe pas
de sens. Le The Ex de 1983 n'arrivait pas à la cheville de ce disque
improbable. Rugueux, punk, noise, puissant, avec un accent batave à
couper au couteau qui ajoute à la rudesse de l'ensemble, treize
compos qui donnent tout autant envie de danser que de filer des coups
de savates. Il rappelle même l'album des néo-zélandais
de The Gordons, cette façon obtus, répétitive de
travailler le bruit, bloc monolithique s'autorisant quelques aérations
mélodiques. Je ne vous fais pas le coup du disque inconnu qui s'avère
être le meilleur album de tout les temps, on s'en branle de ces
considérations mais cet album mérite sincèrement
d'être découvert. En espérant qu'un jour, une bonne
âme ait la lumineuse idée de rééditer ce disque.
Alerta
Alerta est
une exception. Ils ne résidaient pas à Wormer, pas de Villa
Zuid pour eux et encore moins de musique rugueuse comme le reste de la
troupe des punks de Wormer. Mais pour avoir partagé de multiples
concerts avec tous ces groupes, parce que les Zowiso, Grrr, The Ex, Svätsox
sont en bonne position dans la liste des remerciements et parce que leur
disque est tout simplement bon, il fallait glisser un mot sur leur album
In The Land of a Thousand Pretty Dreams (Welfare Factory
records, 1983).
Musicalement, on est plus proche des Chameleons mais sans la reverb sur
la voix et ce balai de romantique rêveur coincé dans le fondement.
On pourrait pourtant craindre le pire à la vue de la pochette et
du titre de l'album. Mais l'intérieur se révèle plus
consistant. Contemplatif mais pas tourmenté. On est pas loin de
leur trouver des airs de Wolfhounds ou Wedding Present et toute cette
vague C86 qui n'allait pas tarder à déferler, cette manière
d'accélérer les guitares et ces mélodies acides se
cachant sous leur faux airs pop. Voir noisy à plus d'une occasion.
Les réticences et les a priori tombent rapidement. Je crois d'ailleurs
qu'on va totalement abandonner l'idée du Chameleons. Mauvaise pioche
mais vrai disque aigu, agité, mélodique et sans mièvrerie,
même le violon sur Suddenly last summer ne gâche pas
la fête. La batterie lâche des rafales, les guitares enfilent
les perles, tendues, et le chant concerné ne joue pas à
l'affecté de service. On croit partir avec un disque de new-vave
vaseux et se prend un disque post-punk nerveux et inspiré.
Alerta a réalisé un autre disque. Deux titres sur le split
12'' The Red Dance Package avec leurs potes de The Ex, toujours
en 1983, conjointement sur CNT productions et Rälbor releases. Deux
inédits dans la droite lignée de l'album avec un Park
Avenue qui se fait aider d'un chant féminin du meilleur effet
et un violon bourdonnant sur Violet Days à la section rythmique
percutante.
Sur la face The Ex, deux morceaux repris sur la compilation de 2005 Singles
Period - The Vinyl Years 1980-1990. C'était l'époque
où The Ex abandonnait le binaire et à l'instar de leurs
potes de Wormer, maîtrisait de mieux en mieux leurs instruments
pour délivrer deux compos abrasives qui comptent parmi les meilleurs
de cette période novatrice. Deux basses (Luc et Joke), la guitare
du grand Terrie qui commence à tirer dans tous les sens, un rajout
de heavy mental guitar par le fidèle Dolf sur Crap-rap,
cette rythmique (Sabien à l'époque) en passe d'être
unique et ce piano fou (Luc encore) sur le génial et déglingué
Long live the aged. Tout un symbole que seul The Ex a appliqué
mais à l'heure des comptes, il ne faudrait pas oublier les petits
copains, à la durée de vie beaucoup plus courte mais aux
disques aussi importants.
SKX (02/07/2009)
Discographie ::
Zowiso :
At Jogtrot to Death LP + 7'' (Atoomaatje records 1982)
Split LP with Zwembaden (Atoomaatje / Switch Off records 1983)
Beat Per Minute 7'' (Atoomaatje 1983)
The Lust LP (Geen records 1985)
Svätsox :
Empty Covers 7'' (Wand records 1981)
Ruins LP (Platen records 1982)
Bred In The Bone, Out In The Flesh LP (Villa Zuit Moet Bluven records
1984)
Grrr :
s/t LP (self-released 1983)
Alerta :
In The Land of a Thousand Pretty Dreams (Welfare Factory records,
1983).
The Red Dance Package split 12'' with The Ex (CNT / Rälbor
records 1983)
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