Sur la feuille
d'infos à l'intérieur du vinyle, il est marqué -
je traduis sommairement - le but du groupe est d'éclater la
tête du public avec une puissance extrême jouée à
haut niveau, délivrer une performance qui fera crier au public
- et là pas la peine de traduire, tout le monde comprendra - Yeah
motherfucker, kill me with power.
Sligh Surface
Noise, un rejeton refoulé de chez les mabouls texans, Houston exactement,
qui pris la route un jour de mai 1996 pour Chicago chez, devinez qui et
tous en chur, Steve Albini, pour enregistrer son unique album connu
à ce jour sur Worship Guitars records et son site
à l'abandon.
Trash est le nom du premier morceau et après une telle déclaration
de guerre, on s'attend à être mangé tout cru. Mais
c'est un silence qui répond à l'appel du loup. Une longue
montée prenant son temps pour se dessiner, une lente mise sous
tension avant que le bruit n'arrive grandissant, c'est bon, cette fois,
on va y passer, même pas la peine d'essayer de s'échapper,
paix à mes tympans. Et puis finalement, plus de peur que de mal,
la tuerie n'aura pas lieu. Six minutes où rien n'explose véritablement,
comme étouffé, colère canalisée. Les roulements
de batterie grondent, la voix se fait pressante, mais la meute passe sans
faire de ravage tout en faisant suffisamment saliver pour vouloir écouter
la suite.
Et la suite, c'est le morceau le plus violent du disque. Trois minutes
où le groupe ne tergiverse pas, le rythme est au pas de course,
la chant se fait vraiment urgent, répétant comme un damné
le titre de la compo, Sidaris kills. Mais c'est l'exception qui
confirme la règle. Slight Surface Noise n'est pas le groupe typique
formaté pour (par?) Albini. Son inspiration est plus à situer
du coté de Sonic Youth pour les longues plages bruitistes de guitare,
la façon de jouer sur les larsens, les saturations, les instruments
qui vibrent. On peut penser aussi à Slint pour cette tension suggérée,
même si tout ça n'a pas vraiment de rapport avec la bande
de Louisville (tout comme celle de New-York d'ailleurs !). Le trio de
Houston a plus à voir avec une colère bouillonnante qu'une
certaine idée de la mélancolie et ils n'hésitent
pas à lâcher les rênes quand il faut.
Par contre, on attend toujours d'être tué par le power !
On imagine qu'en concert, la décharge devait être tout autre.
Le volume à fond, les perceptions changent. Sur disque, tout est
plus sous contrôle, celui d'Albini très certainement, sans
pour autant que sa patte sonore soit prépondérante.
Les morceaux de SSN sont construits comme des vagues et autant ne pas
avoir le mal de mer parce que ça reste viril, à l'instar
des
titres comme A Picture Of Me Fucking Your Mother dont le romantisme
ne vous échappera pas. C'est aussi répétitif, rugueux,
évoquant les Néo-Zélandais de The
Gordons, voir austère et minimaliste comme sur le très
Slint (pour le coup) You've Never Really Seen Me Bored. Leur seul
pêché mignon, c'est de vouloir trop développer leurs
compos et l'album n'échappe pas à quelques longueurs comme
sur ce titre où il est question d'une photo avec la mère
de l'autre ou les huit minutes du morceau final Sumner Crane. Du
Explosions In The Sky avant l'heure avec déjà cette constance
à l'époque : le plan éculé de l'instru avec
la montée allant crescendo peut-être aussi jouissive que
casse-gueule.
En 1996, Slight Surface Noise n'avait pas inventé la poudre mais
avait suffisamment de bonnes idées pour accoucher d'un premier
album qui ne tiendra jamais ces promesses puisqu'il n'y a pas eu de petit
frère.
Vaughn Boone, Mike Switzer et David Wilcox ont repris le chemin d'Houston
et la base n'a plus jamais répondu.
SKX (27/09/2008)
Discographie
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