Marjan Crash

Marjan Crash a eu la vie très courte. Mort-né dans l'année 1994. Le temps de pondre deux disques. Né sur les cendres de Furnace et Skinned Alive, Marjan Crash voit le jour exactement en 1993 à Providence avec dans ses rangs Scott Miller (guitare), Dave Anderson (voix) et Steve Johnson à la batterie. Ces trois ex-Furnace sont rejoint par leur vieux pote Scott Patterson à la basse avec qui Anderson et Miller avait déjà joué dans Skinned Alive.

Des retrouvailles qu'ils fêtent d'un premier enregistrement à New-York avec Don Fury (un mec qui a tout produit dans le hardcore viril, de Madball à Quicksand, Gorilla Buiscuit, Snapcase, etc…, bref que du tendre). Deux morceaux jamais officiellement sortis mais que l'on peut trouver sur le Net avec un brin de perspicacité… Et c'est bien dommage car cela aurait fait un 45 tours de feu de Dieu ! Avec un tel manitou derrière la console, il fallait se douter. Le son est énorme. Heureusement, Marjan Crash n'est pas du genre à faire du NY hardcore pour tough guys tatoués et bornés mais voue un culte à la saturation divine. Cela donne un groupe noise-rock au son épais, fusionnel, à faire passer Unsane pour des majorettes. Des vocaux torturés dans le lointain, que dis-je, des hurlements à la mort, des tornades de batterie, un groupe qui semble partir à l'abattoir. Cela aurait pu être le single de 93 !!

Au lieu de ça, ils sortent un premier single, un vrai, en 1994 sur le label Atomic Action, enregistré dans le sous-sol d'un certain Keith Souza et en condition live. On sentait déjà poindre en eux le destin tragique. Entre temps, Patterson s'est fait la malle et John Jones le remplace, non pas poste pour poste, mais à la batterie tandis que Johnson quitte son tabouret pour la basse. Un jeu de chaise musicale qui débouche sur un deux titres au goût de souffre. La musique de Marjan Crash perd en professionnalisme mais gagne en naturel. Si vous rêviez d'être enfermés avec eux dans une cave humide et faire subir à vos tympans un moment de leur répétition, vous êtes parfaitement tombés. Seul absent, le chanteur parti chez le voisin tant sa voix est en retrait dans le mix. Ce single me rappelle surtout les deux premiers 45 tours de Blunderbuss. Cette même force d'abandon, son lot de passion dans les mélodies, la possession par le bruit, et ce bref moment respiratoire en plein milieu de Graze pour encore mieux souligner la beauté du morceau. Sur l'autre face, Susan ne vous lâche pas les tripes. Intense, intense et un rien désespéré sous le déluge. Le genre de bout de vinyl qu'on garde bien au chaud.

Tellement chaud que Marjan Crash enchaîne la même année par une nouvelle session d'enregistrement. Ils laissent tomber les caves pour un studio, le Mill Rat avec Tom Buckland aux manettes et sortent le cinq titres Cruise Dakota, toujours sur Atomic Action.
On retrouve le 45 tours dans son intégralité et sans retraitement plus trois inédits. Malgré son nom, Four ouvre le bal. Marjan Crash a quelque peu appris a canalisé son énergie. Le chant n'est plus un hurlement torturé. Le guitariste lâche ses pédales d'effets et se laisse aller à la mélancolie. Le parallèle avec l'évolution de Blunderbuss continue. Marjan Crash fait dans la retenue, ce que confirme le second titre Cruise Dakota. Sous tension, on guette à chaque instant l'explosion punitive qui ne viendra jamais. Pour autant, ces deux morceaux restent prenants. Sombre à souhait et sans comparatif. Le dernier inédit s'appelle 434 et là, c'est pratiquement cinq minutes de cold-wave noisy. Guitare sur la reverb, rythme lancinant, écho sur la caisse claire, un instrumental auquel on ne s'attendait pas du tout…
Dans les notes internes, on peut lire que ces morceaux sont tirés du upcoming full legnht release 4-34. Un nombre à jamais mystérieux puisque que cet album ne verra pas le jour. Si votre perspicacité ne vous a pas quitté, vous pouvez encore une fois trouver sur internet quatre inédits (Wide Ferrari, Swerve, Miranda et Warp Diver) issus de cette même session d'enregistrement et sans doute destinés à cet album mort-né… Quatre morceaux dans la lignée de Cruise Dakota, possédant un drôle de charme, une marque de fabrique bien personnelle et qui aurait fait au final un excellent album.
Malgré une nouvelle session d'enregistrement en 1995, le groupe se sépare et ces deux disques pourrissent dans les bacs à soldes (virtuels). Si vous les voyez, donnez leur une seconde chance !
Deux membres de Marjan Crash jouent actuellement dans Fourhorse. En dilettante, prétexte à aller tirer des coups en douce avec une seule demo au son approximatif à leur actif. Et comme musicalement, on n'est pas à des années lumière de Marjan Crash, un clic sur ce lien ne serait pas superflu.

SKX (22/01/2008)

Quand yen a plus, yen a encore ! Trois autres morceaux à votre disposition prévus à l'origine pour le zine français Kill Yr Idols (5-6 Power !) mais le projet n'a jamais vu le jour. Ces trois morceaux sont désormais disponibles ici. (MAJ 23/11/2015)

Discographie ::

Graze/Susan 7''
Atomic Action records 1994




Cruise Dakota CDEP
Atomic Action records 1994