Hose.Got.Cable.
Avec un point entre chaque terme. Il faut de la discipline. Sinon, c'est
la chienlit.
Richmond, état de Virginie. Trois John : Skaritza, Peters (batterie
et basse), Partin (guitare) et Chris Wade (guitare) se retrouvent en 1992
pour une courte vie commune (jusqu'en 1995) pour trois disques en autant
d'années d'existence.
Assimilé à la scène hardcore, Hose.Got.Cable est
pourtant bien plus que ce qualificatif. On les retrouve même parfois
sous l'étiquette math-rock. Mais faut pas exagérer. Disons
un mix des deux, si jamais vous considérez Drive Like Jehu comme
un groupe math-rock, associé à une touche Fugazi et la face
hardcore rugueuse et rock'n'roll de Moss Icon ou Born Against. Ils ont
en tout cas inspiré deux autres groupes du coin ayant fait un peu
plus parlé d'eux que ces losers patentés : 400 Years et
surtout Frodus qui n'a jamais caché son admiration pour Hose.Got.Cable
(si mes souvenirs d'interviews sont bons !).
Premier disque.
Un single trois titres sur un label de Richmond, Catheter-Assembly records.
Ambiance photomaton, ça rigole, ça fait les pitres, jeunes
kids des banlieues blanches qui, une fois branché le matos, montrent
les crocs. Ditto Rush Limbo et Purpleface possèdent
du grain et du caractère. Voix profonde et éraillée,
sens indéniable du riff accrocheur et de structures s'inspirant
de Fugazi. Hose.Got.Cable met d'entrée de jeu la barre à
un niveau élevé. Face B, Discover rallonge le tir.
Six minutes et des poussières qui partent sur un rythme imparable
et immuable sur lequel se fracassent deux guitares tout d'abord tranchantes
avant de partir dans le et si on faisait n'importe quoi pendant trois
minutes pour s'éteindre dans un larsen douloureux. C'est la
dimension noise de Hose.Got.Cable. Une autre pièce à apporter
au dossier de ce groupe hybride et dont ils ne se départiront jamais.
Second disque.
La pierre angulaire de leur discographie. Aussi mince fût-elle.
Un double 45 tours logeant six titres, au nom très facile à
retenir, Antidisestablishmentarianismesque, sur Tenderizer records
en septembre 94.
Ca débute par Chevy Chaser, Motherfucker, leur tube interplanétaire,
leur Bullet Train to Vegas à eux. C'est ce qui leur a valu
la comparaison avec Drive Like Jehu bien qu'à y regarder de plus
près, l'influence ne saute pas aux oreilles. Comme tout tube qui
se respecte, ce morceau contient un riff grandiose, un riff qui vous ressurgit
de la mémoire 16 ans plus tard, mais oui mais c'est bien sûr,
comme si il ne l'avait jamais quitté. Trois minutes plus tard,
ce titre fabuleux aurait pu s'arrêter là mais bizarrement,
Hose.Got.Cable double la durée. Ils décident de tout jouer
au ralenti, de le faire s'écraser en douceur dans un larsen presque
imperceptible, que le plaisir dure le plus longtemps possible, se résigner
à lâcher une idée aussi brillante comme ils n'en auront
plus jamais.
Pourtant, ce disque comporte d'autres grands moments. On tourne le disque.
The Smallest living thing et Gumwrapper
Roses. Deux autres titres nerveux et tout aussi accrocheurs, rien
de vraiment math-rock, mais alors pas du tout. De l'hymne punk-hardcore
tout simplement, avec l'enregistrement crade/granuleux qui sied parfaitement.
On passe au deuxième single de cette belle pochette dépliable,
tout en se niquant les yeux à essayer de déchiffrer le 3,
inscrit sur le vinyl près du centre, les ronds centraux étant
vierges de toutes indications mais ornés d'illustrations grises
et seyantes. On retrouve le titre de 33 lettres (trois est le chiffre
préféré de Hose.Got.Cable) servant de nom à
cet EP pour un instrumental plus court qu'il ne faut de temps à
compter ces lettres. Un échauffement avant 2616 (tiens,
pas de chiffre 3, mais si on additionne le tout, on arrive à 3
c'est un complot !), titre dans la lignée des autres perles de
l'autre disque mais un ton en-dessous tout de même
Dernière
face, Fill-up remplit tout l'espace de sillons finissant en beauté.
C'est rêche, c'est chaleureux, ça fonctionne à deux
vitesses avec un morceau que l'on croit terminer avant que le bref silence
ne reparte sur une autre inspiration géniale.
Dernière
réalisation, Hose.Got.Cable passe au long format. En anglais, long
format se dit 12 inches, il se nomme Majesty et c'est une référence
à Majestic 12, un nom de code sensé avoir été
utilisé par un groupe de militaires et d'agents du gouvernement
américain pour regrouper toutes les informations sur l'activité
OVNI après l'incident de Roswell. Qui a parlé de complot
??
C'est Old Glory records, le label de Policy of Three, qui sort l'objet,
tout blanc à l'extérieur, tout noir à l'intérieur.
Face A, Hose.Got.Cable enchaîne cinq titres sur un régime
identique aux deux précédents singles. C'est court, intense,
vibrant et bourré d'accroches. Look/fuck (dont l'accélération
et les cris du refrain me font à tous les coups penser à
Trumans Water !), Pig star, Occupatus, Carpal tunnel
syndrome (à fond la gomme) et Lets spent some time together
(superbe), le quinté gagnant.
Sur l'autre face, c'est une tout autre histoire. C'est le syndrome Universal
Order of Armageddon, quand le hardcore s'émancipe des trois accords
réglementaires et des trois minutes imparties pour déverser
sa bile. Une belle et grande face pour un morceau que le groupe avait
l'habitude de improviser/expérimenter sur scène sous le
nom de Ego mais qui ne comporte aucun nom sur Majesty. Un
long trip où la rythmique ne bouge pas d'un poil pendant que les
guitares rongent l'os, qu'un piano installe une ambiance inquiétante
et un brin solennel, que des cris saturés déchirent la membrane
du micro, qu'on prenne notre pied mine de rien, sous le coup de l'hypnose
et que le sifflement des dissonances diminuant d'intensité, finissent
par nous endormir.
Trois disques, trois incontournables.
Pour se procurer ça, pas de panique. Cadillac
Flambe records a eu la bonne idée de sortir un CD regroupant
la totalité de leurs enregistrements et intitulé Discography
1992-1995. Le morceau sans titre de 13 minutes sur Majesty
se nomme Outro et clôt, comme il se doit, ce disque où on
retrouve également deux morceaux figurant sur des compilations.
Le très bon Heraland (Dixie Flatline compilation)
et Proof without mark (là aussi très bon titre) tiré
d'une compilation plus connue, All The President's Men, avec Hoover,
Shotmaker, Policy of Three, etc
, réalisée par Old
Glory en 1994.
SKX (29/09/2010)
Discographie
::
Ditto
Rush Limbo/Purpleface/Discover 7''
Catheter-Assembly 1993
Antidisestablishmentarianismesque - 2x7''
Tenderizer 1994
Majesty LP
Old Glory 1995
Discography 1992-1995 - CD
Cadillac Flambe 2006
|
|
|
|