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icidailleurs
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Zëro
Never Ending Rodeo LP
Ici dailleurs records 2025
Sept ans que Zëro navait pas publié un album. Au regard
des précédentes chroniques,
je ne peux pas dire que ce groupe mavait spécialement manqué.
Toujours été entre deux eaux avec Zëro. Mais jai
toujours eu beaucoup de sympathie pour ces musiciens suivis depuis plus
de trente ans, depuis Deity Guns et Bästard.
Never Ending Rodeo, cest donc reparti pour un tour, pour
un sixième album depuis 2007 avec un retour de la formation à
quatre, un lyonnais bien connu de nos services, un ex-Condense, Varou
Jan à la guitare et à la basse. Never Ending Rodeo
comme pour dire que ça narrêtera jamais, nouvelle chevauchée
dans larène du rock parce que cest toute la vie de
ces gars là, quils savent et ne veulent faire que ça,
même si les conditions sont de plus en plus difficiles pour jouer,
pour tourner, se faire connaître, rentabiliser sa petite entreprise,
exister tout simplement quand on fait une musique comme Zëro, à
lombre des tendances, sans tapage ni ramage.
Le groupe nest cependant pas resté inactif pendant toutes
ces années. Il a accompagné Virginie Despentes, Béatrice
Dalle et Casey lors de nombreuses tournées, backing band de luxe
pour des concerts-lectures. Cela a donné un disque dailleurs
en 2020, Requiem
des innocents de limmense Louis Calaferte lu par Despentes.
Une longue interruption discographique, un retour à quatre et cest
un Zëro qui revient en grande forme. Les pauses ont du bon. Never
Ending Rodeo, cavalcade avec du souffle et de la nervosité
conduite avec une classe innée ne les quittant pas avec les années
qui passent. De longues tirades souvent avec un minimum de chant ou carrément
instrumentales propulsées par la rythmique imperturbable de Franck
Laurino. Un parfum de transe (Telepathic Overdrive) avec sa part
de mystère, de gravité et les lumineuses parures électroniques
en forme de gimmick sur lenvoûtant Troubles qui porte
bien son nom. Un groupe qui a retrouvé le sens et le mordant du
mot rock, qui en augmente la dose (One Track Mind, Threads)
tout en élargissant les espaces, amenant la musique planante quil
aime tant vers des contrées spacieuses et agitées ou lart
de lhypnose en milieu hostile, quand lunivers se tend et quil
faut trouver des échappatoires et de la poésie pour respirer
comme sur lintroductif Niagara Falls et encore plus avec
le final Cluster. Un album à lécriture plus
resserrée, ne séparpillant pas dans des directions
stylistiques bigarrées nuisant à lensemble comme sur
les albums antérieurs bien que Back On The Hillside fasse
tâche. Mais on leur passera bien volontiers cet hommage funk à
Prince pour se rattraper avec Boogaloo Swamp dont le titre pourrait
faire peur ou lensorcelant Hellvin. Zëro maîtrise
lart du contre-pied et soffre des saillies aussi originales
que pertinentes. Lapport électro-synthétique de Ivan
Chiossone se révèle riche et convaincant et le chant qui
se fait rare de Éric Aldéa, en mode lugubre et menaçant
sur Hellvin avec ces bruits de harpe, est toujours aussi impeccable.
Quelques parties fines et acérées de guitares plus loin
et Never Ending Rodeo est lalbum de Zëro que je nattendais
plus.
SKX (26/12/2025)
 
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