whitesuns
decoherence


White Suns
Dredging Heaven - LP
Decoherence records 2024

Sixième album pour White Suns et comme un retour en arrière qui n’est pas synonyme de régression. Dredging Heaven marque la présence à nouveau d’une batterie au sein du trio new-yorkais après deux albums sans. De quoi satisfaire les plus fragiles d’entre vous qui aiment le bruit quand il est un peu plus concret et rythmé. Mais ça va faire mal quand même. White Suns reste White Suns, quelles que soient les armes utilisées. Dredging Heaven redonne juste un peu plus de poids au terme rock dans noise-rock. Un cadre plus charpenté à l’intérieur duquel la furie peut s’abattre. Des repères, des murs contre les lesquels le mot noise rebondit et prend de la force.
Un disque pouvant se percevoir en deux parties. La première est composée de six morceaux. Relativement concis, tendus, déchaînés, des titres fidèles à la réputation de White Suns, tout en pure destruction sonore, en fragmentations explosives, chaos étouffant, noise jusqu’au bout des nombreux larsens. La batterie est furieusement martelée, le chant est psychotique, l’amas de guitares/machines/triturations comme une zone de guerre et pas un trou de rat pour se planquer. Le titre d’ouverture se nomme Sport & Spectacle. Vous allez en avoir pour votre argent. Hormis Heirloom évoluant dans un registre décharné avec une flopée de drones bruitistes planant dangereusement, très peu de rythmes et une voix monocorde, White Suns se rappelle à notre bon souvenir avec des compos comme Passing Resemblance et Star Diagonal qu’il est avant tout un groupe punk nihiliste qui tire à vue et sans sommation avec un maximum de dommages pour expurger notre peine quotidienne. La deuxième partie est plus délicate.
Forking Paths mérite son titre. Un chemin de traverse de plus de seize minutes. Une très longue montée comme une nuée de cafards grignotant lentement votre espace vital avant qu’un début de rythme et de sonorités plus consistantes commencent à éveiller votre intérêt qui ne sera comblé que par l’implosion finale anarchique hélas bien trop brève. Un album à double tranchant qui voit le trio revenir à un noise-rock punitif et radical qui a toujours fait notre bonheur mais agrémenté d’une longue pièce finale ambitieuse qui laisse sur sa faim.

SKX (18/01/2025)