tunic

Tunic
A Harmony Of Loss Has Been Sung – LP
Midwest Debris records 2025

Il est loin le temps où Tunic pratiquait un punk-noise qui allait droit au but. La mue s’était déjà grandement manifestée sur le dernier et génial album Wrong Dream. A Harmony Of Loss Has Been Sung franchit un palier supplémentaire. Encore plus sombre, douloureux et torturé, des compos plus longues et éclatées, une intensité à couper au couteau comme jamais. Il ne fait pas bon arriver insouciant chez Tunic.
La principale raison de cet ajout de désolation dans les gènes de Tunic, il faut la chercher du coté du guitariste-chanteur David Schellenberg et sa femme qui ont été durement marqué par une fausse couche alors qu’ils attendaient un heureux évènement début 2023. Do we forget that you were ever here sweet child ?
A Harmony Of Loss Has Been Sung, en plus d’être un très beau titre, c’est Schellenberg qui expulse toute sa douleur, crie sa rage comme effet cathartique. Le résultat fait idéalement mal. En seulement six morceaux mais pour plus d’une demi-heure de flagellation, le trio canadien explore toutes les facettes de la punition. Arpèges cinglants, dissonances glaçantes, notes qui se répètent et se répètent encore (Spoiled Fruit), bannissement de toutes idées de mélodies, ce noise-rock est froidement trituré, devient parfois atonal, tendance no-wave chauffé à blanc. Il est surtout balancé la bave aux lèvres et le regard aussi désespéré que mauvais. Le batteur Dan Uger et le nouveau bassiste Tomas Ingham (Tunic a la particularité de changer de bassiste à chaque enregistrement) assènent de méchants coups de butoirs, insistent avec densité sur les mesures aimant se répéter pour faire crescendo monter une pression d’enfer. Les structures se déploient durablement en broyant progressivement les résistances. Chaque seconde sent l’implosion, la combustion spontanée, les fragments tranchants qui se plantent dans le crâne, la détresse prête à mordre la jugulaire, l’urgence à fleur de peau qui explosera ou non, la peau qu’on s’arrache avec les ongles. Ça n’a pas l’air facile dit comme ça et pourtant, c’est le pied intégral. Six titres de malade qui remuent bien l’intérieur et l’extérieur, faussement complexes et réellement incisifs, brutal et cérébral. Pour l’harmonie, ça reste à prouver mais c’est une bonne grosse et noire décharge noise qui fait un bien dingue.

SKX (03/05/2025)