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Truck Violence
Violence – LP
Mothland/Southern Lord records 2025

Initialement, cet enregistrement a vu le jour à l’été 2024 en version digitale et en cassette. Mais ce n’est que récemment que les labels Mothland et Southern Lord ont uni leurs efforts pour publier le vinyle. Je ne me suis pas jeté dessus comme un ours sur un pot de miel parce que ce disque, il est un peu bizarre, il demande du temps avant de se décider. Mais il possède indéniablement ce quelque chose de différent qui pousse à s’y intéresser pour l’adopter au final.
Truck Violence est un groupe canadien, Violence est son premier album et le quatuor de Montréal a décidé de pratiquer un hardcore hybride qui rend d’ailleurs l’étiquette hardcore totalement inappropriée. Parlons ici de metal et de blast-beat à l’instar de l’entrée en matière foudroyante de l’album sur Undressed You Layn’t Before, de noisecore et de complexité structurelle n’hésitant pas à changer de rythme et casser les reins, de punk corrosif, de la violence et des dissonances du noise-rock mais aussi, et c’est plus singulier, de folk parce que le banjo est aussi l’ami du guitariste Paul Lecours. Un peu comme pour Show Me The Body sauf que chez Truck Violence, le son du banjo est naturel, il n’est pas trafiqué et sous speed. Une sonorité surprenante dans un tel contexte qui peut se mélanger au sein du compo bastonnant dans tous les sens comme sur le titre d’ouverture, sur The Gash ou très présente sur l’attachant He Ended The Bender Hanging. Ou être l’instrument principal sur les ballades sentant le far-west et les grandes étendues, Guns Buried In The Front Yard et I Bore You Now Bear For Me avec l’appui d’une guitare acoustique et toujours le chant de Karsyn Henderson. Et de façon encore plus surprenante, ces deux titres ne donnent pas envie de les zapper, arrivant par je ne sais quel miracle à s’intégrer dans le décor qui n’est pourtant pas de tout repos.
Mais il est ainsi ce groupe, joignant l’impossible sans se prendre les pieds dans le tapis, expérimental et carré, puissant et mélodique, féroce et vulnérable, à la limite du chaos et délié et d’espace avec plein de subtilités (à la guitare notamment), fulgurant pendant une poignée de secondes ou étrangement apaisé. Et avec un chanteur tour à tour mordant, sensible, hurleur, désespéré, proche d’un chant parlé ou haranguant la foule façon rap. Il y a un peu de Chat Pile chez Truck Violence, dans la manière dont tout ça sonne et s’exécute, dans ce malsain et cette colère qui s’expriment pour révéler un coté touchant et poignant avec un mélange des genres finissant par leur fournir une personnalité originale. Violence prend de l’épaisseur au fil des écoutes, fait délicieusement mal avec des compos marquantes et bien moins compliquées qu’elles en avaient l’air et s’affiche comme une belle promesse.

SKX (25/04/2025)