spectres

Spectres
Am-Dram – LP
Self-released 2024

C’est le quatrième album de Spectres. Et c’est peut-être bien le dernier. C’est en tout cas ce que la rumeur dit. Et ce que le groupe anglais laisse supposer. Leur mélange shoegaze/noise-rock n’avait jusque là pas provoquer de grands émois même s’il faut avouer que c’était bien foutu et que Spectres fournissait une belle matière bruyante pour passer un moment pas désagréable.
Avec Am-Dram, le quatuor de Bristol présente son disque le plus accessible et le plus mélodique. C’est aussi son album le plus court et direct en se débarrassant de toutes les scories et déviances noisy et bizarrement, c’est l’album de Spectres qui me touche le plus. Huit compos vives et dissonantes venant heurter les territoires de Sonic Youth dans cette manière de faire sonner les guitares et les mélodies qui en découlent, l’ambiance sonique parcourant d’un faisceau électrique des compos s’inspirant librement du groupe new-yorkais (Rubbernecking, The Death Of A Family ou le dernier titre untitled). Les guitares qui semblent désaccordées ou élastiques (le début de An Eye And A Tooth ou sur Wishing Well/Horror Box), toutes ces fines échardes particulièrement aiguisées au service de morceaux structurés sans complication outrageuse, presque pop parfois dans leur format, percutent instantanément. Spectres ne surcharge pas l’air comme avant, se donne de l’espace, aérien mais encore trop consistant pour taxer ça de shoegaze et ne cache plus les mélodies derrière des tornades de guitares déchaînées. C’est simple, beau, efficace mais suffisamment sinueux, discordant, trépidant pour que ça laisse une trace durable avec une brume sombre et mélancolique par derrière qui s’immisce comme un halo hanté et une tension qui tient toujours en éveil. Si ces huit derniers morceaux sont vraiment les derniers pour la vie de Spectres, le groupe anglais se taille une sortie par la grande porte.

SKX (24/03/2025)