sexswing
godunknown


Sex Swing
Golden Triangle – LP
God Unknown records 2024

Nouvelle galipette de Sex Swing, la troisième depuis Type II publiée en plein premier confinement avec un live entre les deux pour nous faire patienter, Grade A Peanut Sauce. Mais c’est du neuf qu’on veut, de l’inédit et c’est du coté du Triangle d’Or, la mythique région aux confins du Laos, la Thaïlande et la Birmanie que le groupe anglais a été cherché son inspiration avec que des titres en lien avec cette zone où l’opium est roi. Golden Triangle, fume ça, c’est du très bon.
Ça commence très bucoliquement par The Confluence Of The Ruak & Mekong Rivers, planant et beau comme un vol de hérons au-dessus d’une rizière dans la rosée matinale. Certaines sources bien informées appellent ça le calme avant la tempête. Car le sextet londonien n’est pas réputé pour favoriser la relaxation après une dure journée de labeur. Le second titre Kings Romans Casino qui déboule subitement comme un uppercut le prouve allègrement.
Sex Swing se décrit comme un groupe noise-rock mais c’est au sens très large qu’il faut prendre cette étiquette. Golden Triangle le démontre encore plus avec une palette sonore et une variété d’ambiances plus étoffées que jamais. Un noise-rock qui se sentirait libre d’expérimenter, d’enflammer et de secouer sévèrement les terres du krautrock, de filer un mauvais coton au psychédélisme en l’abordant par sa face sombre, d’embarquer dans son sillage tout ce que les formes free-noise ou free-jazz ont de radical dans de sauvages et belles envolées répétitives, hypnotiques, explosives. Sex Swing continue de le faire avec une approche unique de la violence en terrain marécageux (les plus courts et urgents Pat Jasan avec son gimmick électro et Myawaddy), un sens de l’orientation lui permettant de se sortir par le haut de toutes les situations extrêmes et une classe folle.
La paire rythmique Stuart Bell et Jason Stoll est une infatigable machine à concasser du grain, aussi bien méthodiquement, menu-menu qu’avec souplesse et un swing incomparable. Toutes les échappées sont possibles et envisageables dans les méandres de compos ne donnant jamais de feuilles de route établies à l’avance. Hpakant (mais c’est le cas de toute la face B et ces trois longues compos) est un bel exemple de ce foisonnement magnétique avec un monologue de l’invité Bruce McClure, artiste-performer qui lit son propre texte puis que ça se transforme en une transe prenant de l’ampleur, de la puissance et de l’intensité avec en son sein une illumination mélodique pour s’élever des torpeurs terrestres, le saxo de Colin Webster qui s’emballe et tout qui s’embrase. Aussi à l’aise dans les grandes cavalcades trépidantes que les chemins accidentés et la retenue quand le propos se fait plus grave et amer à l’instar de Wild Peacock. Un long final évoluant sans cesse sur les bords d’une tension n’implosant jamais, une transe haletante sur laquelle viennent se greffer les couinements free du saxo, la voix psalmodiante de Daniel Chandler et toute la richesse de sons que Sex Swing est capable de mettre dans la mêlée pour faire perdre le sens de l’équilibre. Golden Triangle, une nouvelle et brillante démonstration de force et de finesse d’un groupe généreux et incomparable.

SKX (20/01/2025)