selfimprovement
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Self Improvement
Syndrome – LP
Feel It records 2025

Second album du groupe de Long Beach Self Improvement, Syndrome comporte à l’instar de son prédécesseur Visible Damage de nombreux symptômes du post-punk ancestral mais arrive tout en subtilité et de façon encore plus poussée à lui donner une coloration personnelle.
Des vignettes sonores qui se font plus douces mais qui démangent quand même. Un aspect mélodique omniprésent mais où la rythmique règle avec clarté et précision la mécanique. Une sobriété de façade donnant de faux-airs minimalistes mais où les arrangements et les détails sont nombreux et prépondérants. Self Improvement ne fait pas que s’inspirer des figures tutélaires comme Wire, Gang Of Four et autres groupuscules éphémères de l’époque qui ont pourtant eu le temps de laisser une trace conséquente, il développe sa petite musique interne et elle est sacrément touchante.
Les piquants s’enfoncent avec une finesse accrue sans faire couler le sang. La nervosité et la tension sont palpables mais elles apparaissent au second plan. L’apport accru des synthés enrichit le propos par des touches discrètes mais influentes, autant comme triturations perturbatrices que comme gimmicks obsédants. Le nouveau batteur à temps plein Reuben Kaiban (sur Visible Damage, c’était le producteur Dylan Hadley qui s’y collait et il est toujours aux manettes avec Spencer Hartling) s’efface parfois au profit d’une boite à rythme comme sur Crashing programmée par Hadley et Hartling qui œuvrent aussi derrière les synthés, tels des membres officieux du groupe.
Un parfum plus calme et mélodique, voir mélancolique flotte sur Syndrome, plus construit et carré aussi tout en étant d’une grande fluidité et porté par la chanteuse Jett Witchalls dont la voix symbolise idéalement cette colère rentrée, le détachement, la finesse et le mordant dont est capable Self Improvement. Avec la basse ronde et entraînante de Pat Moonie et les griffures aigrelettes et multiples trouvailles du guitariste Jonny Reza dont le jeu non conventionnel est électrisant, Syndrome affiche dix titres succincts plus homogènes que sur Visible Damage sans qu’aucun ne marche sur les pieds de son voisin. Chaque compo est un rouage parfaitement posé et identifié actionnant un mécanisme d’ensemble infaillible avec des passages obligatoires comme le tubuesque Just Like Me ou le splendide Dissolved. La preuve qu’avec de bonnes idées et en se donnant la peine de creuser, le post-punk a encore de belles choses à dire et Self Improvement en sont de dignes rejetons.

SKX (04/09/2025)