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Row Of Ashes
Tide Into Ruin – LP
Road To Masochist records 2025

Quatrième album de Row Of Ashes qui retrouve le format vinyle après la précédente cassette Bleaching Heat. Le trio anglais repart à l’assaut et la compassion n’est toujours pas au rendez-vous. Un beau déluge noir comme la pochette avec la sensation d’étouffement, la tête dans le sac.
Avec Tide Into Ruin, Will Turner Duffin (guitare), Dan Arrowsmith (batterie) et Chris Wilson (basse, chant) en passe de devenir experts dans le laminage sludge metal/noise-rock, tendance Will Haven et autres groupes palliatifs pour une vie plus folle. Rythmes sismiques, lourdeur vertigineuse, riffs plus d’une fois qui sont une ode au headbanging comme sur Immoralist, la dévastation est en cours et c’est franchement impressionnant.
Mais ce qui l’est encore plus, c’est que le trio de Bristol n’utilise pas que le bestial et le massif pour vous soumettre à leur joug féroce. Row Of Ashes exploite intelligemment toutes les dynamiques à leur portée pour créer un piège infernal, fait preuve de nuances pour hypnotiser sa proie, affûte et diversifie les ambiances pour élever Tide Into Ruin vers des sommets envoûtants alors qu’on pensait partir pour des gouffres sans fond. Il est donc possible de respirer sous le sac. C’est le cas notamment lors du cours et atmosphérique Lille avec son sample de dialogue en français se poursuivant sur le titre suivant, l’instrumental Wake s’échappant progressivement de la gravité terrestre pour s’achever dans une énorme fin imitant à la perfection le bruit de réacteurs d’un avion de ligne poussé à son max. Ne pas oublier la ceinture.
Tide Into Ruin
secoue, agresse, fracture, te roule sur la tronche, sait se faire plus mélodique grâce à des arpèges lumineux, poignant jusqu’à l’écrasement, est synonyme d’urgence et de frénésie rythmique, patiente pour mieux imploser, dévaste tout sur son passage pour se faire totalement vibrant dans un son dantesque et magnifiquement abrasif et place de brusques accalmies qui tordent le bide. Et la performance du chanteur ajoutant au désespoir intense de ce disque ne laisse pas indemne. Alors quand vient sonner l’heure de Coda et ses sept minutes et quelques plus expérimentales et tordues avec l’invité Simon Mason (Torpor), nul doute que Row Of Ashes n’a pas seulement provoqué ravage et carnage, il a construit un album habile et réfléchi dans ses moindres recoins qu’il a très obscur pour s’imposer comme une réussite totale.

SKX (16/11/2025)