ritualerror
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Ritual Error
Dial In The Ghost – LP
TNS records 2024

Une cabine téléphonique d’un autre temps avec un fil, de la monnaie qu’on avait jamais et de la lecture avec les habituelles annonces pour lire votre futur dans les lignes de la main ou les cartes du tarot mais aussi des messages plus ésotériques intitulés Do you want shoegaze or the Truth? et celui pour qui j'en pince, Fucked off having lobster hands? Mais point de nostalgie avec Dial In The Ghost le premier album des Anglais de Ritual Error même si les fantômes sont invoqués au bout du fil.
Il est bien sûr possible de relier cette musique à tout un tas de courants et groupes underground, à commencer par leurs compatriotes de Silent Front, surtout pour ce chant sur les nerfs qui fait également penser à celui de Ten Grand pour le grain urgent animant les cordes vocales de Okala Elesia également guitariste du trio londonien. Continuer ensuite par accoler les termes post-hardcore ou noise-rock avec une tendance emo-phile qui fait saigner les jointures, c’est très agité, fébrile, anguleux et dissonant mais toujours à fleur de peau comme savaient si bien le faire des groupes comme Yaphet Kotto ou Portraits Of Past. Bref, un mélange qui n’appartient qu’à Ritual Error, sans surplus d’originalité mais avec une belle fougue se consommant en apnée pendant une bonne demi-heure durant laquelle le déluge ne cesse jamais (ou si peu).
Le batteur David Thair est un tyran qui maltraite son instrument, sans pitié pour les peaux tendues au maximum, avec force, rapidité et qui semble inarrêtable. Comme son compère bassiste Alessandro Incorvaia a tendance à le suivre dans tous ses mouvements, ça donne des joutes rythmiques épiques comme sur Life As A Contact Sport ou Artist At Work. Le travail de la guitare est également axé sur l’enchaînement de riffs effilés sans temps mort d’où une impression constante de vitesse, de trépidations, se faire secouer et se prendre des coups dans tous les sens avec un chant sans cesse pressant. Ritual Error arrive bien à placer quelques respirations, des accroches plus ou moins mélodiques ou qui donnent dans les intonations plus poignantes, des breaks salvateurs sur Haldeman, voir un sample au début de Tear Jerker ou rallonger le tir sur les cinq minutes de Return To Lagos pour apporter un peu de contrastes. Mais Dial In The Ghost demande globalement d’accrocher sa ceinture de sécurité et de s’accrocher aux sièges. C’est d’ailleurs un peu le défaut de cet album, le sentiment d’être pris dans un tourbillon incessant qui finit par toujours se ressembler avec dix morceaux extraits d’une matrice identique. Manquent les compos qui marquent véritablement mais on est séduit par l’énergie déployée, le son parfait qui claque concocté par l’omnipotent Wayne Adams qui met le trio en valeur, cet effet cathartique pour expulser tout ce qui craint de la part d’un groupe bien lancé dans la vie.

SKX (19/02/2025)