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Radiator Pirelmans
Brise-cadre – CD
Honest House/Block Bunker records 2024

Radiator Pirelmans aura mis du temps pour faire chauffer les platines. Radiator Pirelmans est né en 2008 à la suite de la rencontre de deux membres de Volt Voice et El Dinah lors d’une tournée commune de ces deux groupes. Mais ce n’est qu’en 2024 que Radiator Pirelmans sort Brise-cadre, son premier album. Gil (batterie) et Geo (guitare), duo belge originaire de Huy, ne sont pas du genre pressé.
Un modeste CD dans la plus pure tradition DIY, histoire de laisser une trace. Elle ne sera sans doute pas bien épaisse pour Radiator Pirelmans. Trop dilettante, trop underground. Encore plus vrai, après une très brève intro (Poing Trop), quand le véritable premier morceau (Pendant Ce Temps-là) affiche une rythmique outrageusement pompée sur Shellac. Qui a encore besoin d’entendre un énième groupe singé (feu) le trio de Chicago ? Pas envie d’aller plus loin. Ça serait une erreur. Parce qu’au bout d’une bonne minute, ce titre prend la tangente et dit adieu à Shellac. Un chanteur (F. Legrand) débarque dans le paysage (ça sera la seule compo non instrumentale), une sonorité ressemblant à un clavier aussi. Le climat change subitement, l’atmosphère se trouble, la rythmique revient sans chercher à copier quiconque et Pendant Ce Temps-là devient fortement séduisant, quasi poignant. Brise-cadre casse les structures et surprend.
Et si pour la suite de l’album, l’ombre de Shellac et autres groupes noise-rock de Chicago flotte parfois dans l’air, Radiator Pirelmans dépasse sans problème l’hommage trop appuyé et offre plus d’une fois un dialogue guitare-batterie très bien senti. Treize titres auxquels on peut en retrancher trois qui ne s’appellent pas Interlude 1, 2 et 3 pour rien. Vous pouvez aussi enlever l’intro donc et l’outro (Boire Trop) qui auraient aussi pu s’appeler interlude. Il reste huit compos évoluant entre joutes rythmiques percutantes et enlevées, échappées plus free-noise sous contrôle (Combustion Lente), belles ruades empreintes d’un esprit rock’n’roll anguleux (Débute à La Rate, Cavale), des envies de soigner les ambiances plutôt que montrer les muscles (Macha 86 avec ses samples), ce qui est le cas de la plupart des compos. Le duo n’est pas dans l’approche technique d’un groupe math-rock lambda (même s’il y a de ça) et préfère écrire de vrais morceaux où la chaleur et l’émotion ne sont pas de vains mots avec du souffle dedans comme sur Charette à Bras et Fur The Bur! Sure! et leurs drôles de sonorités et une guitare ne sonnant parfois pas comme une guitare. Ce CD avait l’air de rien mais Radiator Pirelmans et son noise-rock instrumental qui a vu pourtant défiler beaucoup de prétendants réchauffent la couenne avec plaisir. Donnez lui une chance.

SKX (02/05/2025)