pneu
head


Pneu
Get Old Or Die Tryin’ - LP
Head records 2025

Get Old Or Die Tryin’. C’est comme les vieux, faudrait les tuer dès la naissance. Pneu a donc décidé de devenir un vieux groupe. Il mourra plus tard. Dix-sept années d’existence dont les neuf dernières à ne rien faire. Sous le nom de Pneu en tout cas. Parce que Jérôme Vassereau (guitare) et JB Geoffroy (batterie) ne sont pas restés se tourner les pouces à attendre que Pneu se regonfle. Pêle-mêle (c’est pas le nom d’un groupe), vous avez Papaye, Binidu, Franky Goes To Pointe-à-Pitre, Estreme Bamboule, La Colonie de Vacances, Institutrice, Tachycardie, florilège de projets aux blases douteux dans lesquels les trajectoires des deux protagonistes de Pneu se sont parfois recoupées, leur ont permis de tester d’autres pratiques musicales et les autorisent maintenant de remettre la gomme à fond, pire qu’au premier jour.
Parce que ce quatrième album est une furie. Oubliez toutes notions de mélodies, oubliez les rythmiques coupé-décalé, oubliez le printemps. Pneu dézingue Lightning Bolt en plein vol en lui assénant un traitement qui donnerait la bave aux lèvres à ce cher Weasel Walter (Flying Luttenbachers). On connaissait la propension du duo tourangeaux à secouer le cocotier du noise-rock. Pneu passe la vitesse supérieure. Dans le fracas, dans le matraquage, dans le déluge, dans la violence, dans la puissance sonore concoctée par Amaury Sauvé, Get Old Or Die Tryin’ rentre dans le lard autant que dans le cerveau, distribue les torgnoles en mode blast beats, excite à vif les nerfs, fait valser les neurones comme dans un shaker, ça déboule de tous les cotés avec vitesse, précision, densité, bref, Pneu te roule dessus. Marche avant, marche arrière et ça accélère derrière.
Et surtout, le duo a sorti de son coffre à bordel en plus du démonte-pneu qu’il écrase sur ta tronche un attirail portant le nom de electronics. Tout un surplus de sonorités vachardes, sifflantes, brouillées, triturées s’imbriquant dans le dédale ravagé du duo, avec des rajouts de capteurs sur la batterie pour décupler la folie et pousser le math-rock à papa dans ses derniers retranchements. Le souvenir de Destination Qualité devient ainsi très lointain et pas simplement parce que ça fait dix ans qu’il est sorti. Pneu à qui on a souvent affublé cette étiquette de complexité à son noise-rock la fait voler avec brio, la broie menu-menu, rentre dans la sphère de la no-wave, de la noise épileptique limite bruitiste par endroit, une urgence punk se télescopant avec la bande-son japonaise d’un jeu vidéo totalement azimuté.
Le batteur fait preuve plus d’une fois d’un jeu de grand malade. La guitare est un hachoir à riffs et une sirène hurlante, oui tout ça en même temps. Ça donne de magnifiques moments de férocité aussi furieuse que récréatif parce que bizarrement, malgré toute cette avalanche bruitiste, ce disque se révèle également fun à écouter. Les idées fusent, les enchaînements sont de haut-vol, les multiples convulsions, mini-séismes et descentes infernales ont de la consistance et de l’allant et rien n’est gratuit dans cette frénésie intense. Gettin Old, Parcourstup ou Égyptocratie Numéraire ne sont que des exemples parmi d’autres de cette nouvelle charge vivifiante emportant tout sur son passage d’un Pneu qui s’est refait une santé. Les vieux ont la peau dure, ils ont bien fait de sortir de leur retraite. Longue vie à Pneu, à en crever.

SKX (04/03/2025)