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Other Half
Dark Ageism - LP
Big Scary Monsters records 2024

Dark Ageism. On n’y est plus que jamais. Même si le Dark Ageism de Other Half est très personnel et n’a rien à voir avec la grande roue merdique de l’histoire. A chacun ses ténèbres. Dark Ageism selon les trois membres du groupe anglais, c’est de toujours faire à trente ans ce qu’ils faisaient à l’adolescence, écrire des chansons rock, toujours les mêmes, sans chercher à évoluer, à se demander ce qu’ils foutent de leur vie à faire ce groupe, cet amour de jeunesse qui ne les lâche pas. On a connu pire comme ténèbres. Donc oui, pas de révolution chez le trio de Norwich avec un troisième album dans la droite et belle lignée de Soft Action. Et comme dit Other Half qui reste lucide, il n'est pas nécessaire de viser la grandeur, parfois le simple fait de faire ce que l'on aime, encore et encore, est une recette suffisamment décente pour atteindre un semblant de bonheur. Tiens, prends ça les ténèbres.
Et on s’en contente aisément tellement Other Half le fait toujours aussi bien et même encore mieux sans changer la recette. Une qualité indéniable pour écrire des titres qui accrochent et ne vous lâchent pas avec un peu plus de variétés dans les tonalités et les humeurs que précédemment. Un noise-rock avec de la fougue, de l’émotion, des mélodies, des subtilités, de la rage, du drame, tout ce que vous pouvez mettre entre Unwound, Meat Wave et Shotmaker. Avec deux invités pour ajouter des cordes à leur répertoire. Le chant de Matthew Caws (Nada Surf) sur l’introductif et touchant Lifted Fingers et Alexei Berrow (Johnny Foreigner) qui apporte aussi ses cordes vocales en mode spoken words sur le titre de sortie Other Half Vs. The End Of Everything. Entre les deux, une parfaite collection de riffs tranchants et étincelants, de rafales de rythmes de Allie Adams qui mettent des baffes, d’un chant tendu qu’on suit sans broncher (celui du guitariste et principal compositeur du groupe, Cal Hudson) et de parfois un peu de douceur et de durée sur les presque six minutes de Feeling For Yourself, bien plus mélancolique et émouvant et ce n’est pas parce que c’est la bassiste Sophie Porter qui le chante. Un titre tout en retenu, en mi-tempo appuyé avec des effets et une recherche sonore inhabituel pour le trio. Des moments plus poignants que Other Half dispense généralement en pointillé mais qui font toujours leur petite sensation (Bumps In The Night) car le reste du temps, c’est enjoué sous des airs sombres, intense, irrésistiblement entraînant, ça fond dans la bouche alors que c’est dur à l’extérieur (la triplette invincible Strange Loop, Sucked It Sore, Lowlifes a Lower). Other Half signe encore un album d’un bonheur (pas si) simple et efficace. Des ténèbres comme ça, on en veut tous les jours.

SKX (21/01/2025)